Les nouveaux albums de Barbara Carlotti et Vald et le livre d'entretiens de Jean-Marc Rochette

Paradoxal, entre ode à l’amour et reflet d’une époque mouvementée, le nouvel album de Barbara Carlotti se veut pourtant solaire, joyeux et pop. Empreint d’influences, comme celle de Gil Scott Heron, Chéris ton futur parle aussi de luttes, "qui sont toujours un peu les mêmes depuis les années 1970, et en même temps il fallait que ça ait une force, une vibration". Les arrangements de l'album sont donc élégants et trouvent "une forme rythmique". Il était important pour la chanteuse de "pouvoir vibrer avec la musique et avec les mots qu'elle transporte". 

"Il y a eu des enchaînements de choses tellement compliquées à entendre, qu’il y avait vraiment ce besoin pour nous de mettre du cœur à l'ouvrage et de mettre des rythmiques qui nous font du bien, qui donnent envie de danser dessus."

Barbara Carlotti

à franceinfo

En traitant de manière contemporaine l’amour et les relations humaines, Barbara Carlotti envoie un message d’espoir en l’avenir aux jeunes générations, pour qui l’adolescence est "beaucoup plus difficile maintenant". Elle-même aidée dans cette période par la musique pop, et notamment celle d’Étienne Daho, "surtout pour sortir du quotidien ou même, imaginer plus grand, donner une énergie", la chanteuse reste connectée "à l’instant présent, et donc à la jeunesse". 

Comportant un duo avec Philippe Katerine, l’album s’inscrit dans une période de renouveau de la pop française souligné par la chanteuse, avec des voix affirmées telles que "Juliette Armanet, Malik Djoudi ou Clara Luciani. (...) Au début des années 1990, on disait qu'on était un peu en reste des Anglo-Saxons. Là, j'ai l'impression qu'il y a une solidité et quelque chose de très cultivé qui est advenu". 

Pandémonium, le nouvel album du rappeur Vald 

Se plaçant, comme à son habitude, en marge des autres artistes du rap français, Vald sort son sixième album baptisé Pandémonium. 

Ce dernier, qui commence par les remerciements, aborde la dépression, la drogue, les médicaments mais aussi des sujets moins traités dans ce genre musical comme la politique, le capitalisme ou encore la surpopulation mondiale. Influencé par le décès récent de sa mère d’un cancer, l’album est aussi marqué d’émotions et le dernier morceau Paradis perdu, lui rend hommage.

"Il y a quelque chose que je veux changer, c'est les adolescents qui dépriment, qui prennent le RER et qui écoutent du rap de merde. Et c'est là que j'interviens. Et je leur dis pas la même merde que les autres."

Vald

à franceinfo

Entretiens avec Jean-Marc Rochette 

Connu mondialement pour ses ouvrages de bande dessinée, Jean-Marc Rochette s’essaie dans La Chair du monde à un nouvel exercice, celui de l’entretien. En conversant avec le journaliste Adrien Rivière, l’auteur revient sur sa décision d’un retour aux sources, dans le Massif des Écrins où il vit désormais, en semi-autarcie. "J'ai toujours voulu vivre dans cet endroit qui est un endroit très particulier parce que très haut. À 1 600 mètres, la culture est très difficile. Faire pousser n'importe quoi est compliqué et pour moi, c'est une forme d'acte politique. Si je peux vivre ici, je peux vivre partout."

Ancré dans son époque, Jean-Marc Rochette perçoit d’ailleurs au contraire ce besoin de retour à la nature, cette prise de conscience, comme profondément liés à l’actuel, "au réel". "Le réel, c'est la base de tout. Quand on vit en montagne, c'est là qu'on est, ici et maintenant. C'est-à-dire, faire attention à ne pas se casser une jambe, faire attention à ce que l’on mange.... C'est un retour à une espèce de logique animale qui, pour moi, amène à avoir une meilleure conscience de ce qui nous entoure".

"J'aime rester dans mon jardin, j'aime voir pousser des pommes de terre, j'aime voir pousser des carottes. Est ce que c'est de la décroissance ? Peut être. Je vois surtout du bonheur dans cette vie-là."

Jean-Marc Rochette

à franceinfo

Celui qui s’oppose à "l’écologie des voitures électriques" et à celle de la sobriété et du renoncement, défend une vision spinozienne de celle-ci, en insistant sur le fait que "ce qui vous fait du bien, il faut le faire". En cultivant son jardin, Jean-Marc Rochette confie avoir "retrouvé cette espèce de fierté de pouvoir se dire : Tiens, j'arrive à vivre ici dans un endroit qui est quand même très haut" et trouve son plaisir dans "l'esthétique, la beauté du lieu. Ça pourrait être le fumier, la beauté".

La Chair du monde (aux Allary Editions), de Jean-Marc Rochette, disponible dès mantenant en librairie. 

Une émission avec la participation de Yann Bertrand, journaliste au service culture de franceinfo.