Le passé sombre d’un père collabo, Simon Chevrier Prix Goncourt du premier roman et un film d’action français

Dans Tout Public du 8 mai 2025, le journaliste Philippe Douroux revient dans son roman-enquête sur le passé nazi de son père, Simon Chevrier, lauréat du Prix Goncourt du premier roman présente son livre “Photo sur demande” et "Balle perdue" revient sur Netflix.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le passé sombre d’un père collabo, Simon Chevrier Prix Goncourt du premier roman et un film d’action français. (Flammarion, Stock)
Le passé sombre d’un père collabo, Simon Chevrier Prix Goncourt du premier roman et un film d’action français. (Flammarion, Stock)

Dans les années 40, des milliers de Français font le choix de s’engager aux côtés de l’Allemagne nazie, de combattre sur le front de l’Est et de participer à la Shoah par balles. C'est le cas du père du journaliste Philippe Douroux.

“Personne ne le sait parce qu'on a laissé la parole aux anciens. Et les anciens vous ont raconté un roman qui a permis à tout le monde de se dire que ce n’est pas si méchant que ça. Si, c'est méchant et c'est affreux.”

Philippe Douroux

à franceinfo

Sans chercher "à absolument savoir si son père avait mis les mains dans le sang", Philippe Douroux a épluché des milliers de documents d’archives pour comprendre les revers d’une fable historique contée depuis des décennies. "Et ce que j'ai trouvé insupportable tout au long de l'enquête, c'est qu'il y a une colère familiale, parce que c'est mon père, mais il y a aussi une colère nationale. On doit assumer le fait que 8 à 10 000 Français sont allés en Biélorussie, ont participé à des massacres absolument épouvantables que l’on appelait des opérations de nettoyage. On tuait des hommes désarmés, des femmes, des vieillards et des enfants."

Qu’ont-ils vu ? Qu’ont-ils su ? Qu’ont-ils fait ? Le journaliste tente de répondre à ces questions dans son ouvrage et pour ce faire, il s’est rendu en Biélorussie, "terre de massacre de la Seconde Guerre mondiale". De tous les lieux ayant subi des tueries, "ils ont fait un cimetière où les plaques sont remplacées par des noms de villages. Il y en a à peu près 800, dit-on. C'est la réalité de ce pays, mais ils ne savaient pas qu'il y avait des Français. Ils ne savaient pas."

C’est pour lutter contre ce silence, entretenu par un dialogue paternel quasi inexistant, que Philippe Douroux a fait le choix de libérer sa parole dans le livre Un père ordinaire.

Pour mettre fin à la doctrine selon laquelle "les enfants de résistants entretiennent la flamme et les enfants de collabos préfèrent souffler dessus".

Un père ordinaire (aux éditions Flammarion), de Philippe Douroux, disponible en libraire. 

Les archives de l’auteur sont consultables au Mémorial de la Shoah.

Simon Chevrier, Prix Goncourt du premier roman

Pendant le Covid et dans le silence de la Bibliothèque du Havre qu’il surveille, Simon Chevrier commence à écrire Photo sur demande qui deviendra, le 7 mai 2025 Prix Goncourt du premier roman.

"Extrêmement touché, hyper heureux" : Simon Chevrier a remporté le prix Goncourt du premier roman, écrit en partie au Havre

“Je ne m'attendais pas à m'engager dans cette voie là, dans l'écriture, il y a encore cinq ans. En cela, c'est plutôt une belle surprise de m'être fait confiance sur l'histoire que je voulais raconter.”

Simon Chevrier

à franceinfo

Le livre, "clairement d’inspiration autobiographique", raconte les aventures d’escorte du personnage principal, contraint à cette activité par la précarité. Dans un contexte familial pesant dû à la maladie de son père, l'auteur ne tombe pourtant jamais dans le pathos. Il propose dans son premier roman une écriture brute et directe après "avoir réduit les phrases pour en tirer vraiment l’essentiel (...). Ce qui [le] tenait à cœur, c’est qu’il n’y ait pas de phrases de trop."

Photographe d’une société par le prisme d’un jeune homme qui se questionne et qui enquête sur lui-même, l’auteur confie au micro de Tout Public être "en finalisation" de son prochain roman.

Photo sur demande (aux éditions Stock), de Simon Chevrier, disponible en librairie.

Le troisième volet du succès "Balle perdue", disponible sur Netflix

Grosses voitures, bagarres, trahisons et cascades spectaculaires, le tout dans un décor montpelliérain : voilà la recette du troisième Balle Perdue. Produite et diffusée par Netflix, cette saga de films français d’action séduit depuis la sortie du premier volet en juin 2020. Cette fois, Gérard Lanvin accompagnera Alban Lenoir, héros récurrent du casting.

"Balle Perdue 3" : cascades, budget serré et succès sur Netflix pour cette saga française

“Lorsqu’on aime les films et encore plus lorsqu’on est enfant, on ne fait pas la différence entre un film français, un film américain et un film asiatique.”

Guillaume Pierret, réalisateur 

à franceinfo

Répondant à une promesse de divertissement sans copier les films d'action américains ou asiatiques - qui restent des influences assumées - le producteur, Rémi Leautier, évoque "une forme de sincérité et d'exigence. "Quand on a la prétention de dire à un public que l’on va raconter une histoire, montrer des scènes d'action, faire ressentir des choses, on s'applique. On le fait avec beaucoup de sérieux et beaucoup d'engagement. Et même si on peut parfois dire qu'il y a une vraie simplicité d'approche dans le scénario, tout est calibré pour divertir et passer un bon moment."

Balle perdue 3, de Guillaume Pierret, disponible sur Netflix.

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