Le film "Enzo", les photos de Boby dans "Cafoucho" et une rétrospective Michel Gondry

Dans les criques, les falaises mais aussi sur les chantiers de La Ciotat, Laurent Cantet et Robin Campillo ont pensé et filmé Enzo. Personnage principal et éponyme de leur nouveau film, le jeune homme est apprenti maçon et fils de parents bourgeois. Que faire de la place que la société nous assigne lorsque l’on est adolescent ? De celle que l’on se fait ? De son désir ?

"Enzo", l'ultime film de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo, est un bienveillant essai sur la liberté de penser et de faire d'un adolescent

Ces questions sont issues du scénario écrit et imaginé par le réalisateur Laurent Cantet. Malade dès le début du projet, ce dernier s’est appuyé sur son ami réalisateur Robin Campillo, désigné comme "poisson-pilote tout le long du film". Après avoir choisi ensemble les quatre acteurs principaux, le réalisateur de 120 battements par minute reprend les rênes du film sept semaines avant le début du tournage, à la mort de Laurent Cantet. "C'est quand même lui l'auteur du film. Après, c'est vrai que c'est sans doute par moments plus ma mise en scène. On n’en sait rien. Je n'ai pas fait un film à sa manière, je ne sais pas ce que ça veut dire. J'ai fait un film comme j'ai pu, comme je pouvais le faire."

“C'est ça qui est formidable dans un film, c’est que c'est une forme de quiproquo (...). On parle d'une chose qui est centrale à nous tous, mais on n'est pas sûr d'être absolument sur le même registre.”

Robin Campillo

à franceinfo

Parti pris commun des deux cinéastes : "mettre les pieds dans le plat" dans ce film où "les rapports de classe y sont assez grossiers". Un rendu final qui "ressemble à l’époque" selon Robin Campillo, à l’heure où "beaucoup d'enfants ont moins de chance d'avenir ou d'ascenseur social que leurs parents". Pas question pour autant de tourner ces derniers, profondément gênés par l’orientation de leur fils, en "salaud" ou en "monstre". "On est toujours du côté des personnages, de tous les personnages" sinon, "on n'explique rien de la réalité. Alors que quand on montre des gens qui semblent vouloir bien faire, c’est là que l’on voit où ça devient difficile. On touche à la tragédie".

Enzo, de Laurent Cantet et Robin Campillo, en salle à partir du mercredi 18 juin 2025

Le "Cafoucho" du photographe Boby

Des rues de Marseille au Festival de Cannes en passant par les Jeux olympiques ou les défilés de mode, le photographe Boby a rassemblé quinze ans de reportages photographiques dans un livre : Cafoucho. "Cafoucho c'était ma maman qui disait ça à mon petit frère et moi, quand elle rentrait dans notre chambre. Ça veut dire bordel, débarras. Le problème c'est que maintenant, c'est plus ma chambre qui est en bordel, ce sont mes disques durs. J'ai trente-trois disques durs, rien que pour ce livre, de photos extrêmement mal rangées."

“ J'ai tendance à dire que je loupe plus de photos que tout le monde parce que je loupe forcément des photos, mais je loupe aussi les photos que j'ai imaginées.”

Boby

à franceinfo

Celui qui se définit comme un "couteau suisse marseillais" à toutefois une méthode de travail plus rodée que ses rangements informatiques : "Quand tout le monde regarde à droite, j'essaie de regarder ce qui est à gauche, ce que les gens ne regardent pas". L’occasion de saisir un moment, un état de société. Et ces instants, Cafoucho en livre le plus possible. Pas de superflu dans l’ouvrage du photographe, qui a "fait péter tout ce qu'[il] pouvait d'inutile dans ce livre." "À la base", explique-t-il, "je voulais mettre quatre pages à la fin qui expliquait les légendes de chaque photo, mais ça me faisait autant de photos en moins. Donc j'ai dit non." Plus de 250 images "qui se répondent" dans le premier livre de l’artiste, dans lequel se cache, entre Natalie Portman et Simone Biles, une grand-mère rebelle.

Cafoucho (aux éditions Fisheye), de Boby, disponible en librairie.

Rétrospective Michel Gondry à La Cinémathèque

Nouvelle rétrospective à la Cinémathèque pour un artiste dont les travaux sont aussi multiples que divers, Michel Gondry. Douze de ses longs métrages seront à voir ou revoir durant la seconde moitié du mois de juin.

“ J’arrive avec un esprit différent des gens qui ne font que des comédies ou que des concerts et donc je pense que j'apporte quelque chose de différent.”

Michel Gondry

à franceinfo

Et si le réalisateur du Livre des solutions avoue au micro de Tout Public apprécier "faire de nouvelles choses pour se faire peur", il précise toutefois être "fier de cette rétrospective". Lui qui a "souvent l’impression de ne pas faire de vrais films" envisage cette exposition comme une manière d’enfin rendre "légitimes" ses travaux.

Michel Gondry, du 15 au 27 juin à la Cinémathèque.