"L’air Mouillé" : Cécile Juan part au Japon, avec Damien Véron, à la recherche de Tiphaine Véron

Solidays, Hellfest, We Love Green… Si le mois de juin marque l’ouverture des festivals estivaux, les années 2020 sont, elles, synonymes d’une augmentation significative des prix de leurs billets. Environ 60% sur les dix dernières années, selon une enquête du journal Le Monde.

Une "hausse très substantielle de l'ensemble des postes de dépenses" depuis le Covid19 ainsi que des "coûts liés à des réglementations de plus en plus difficiles à appliquer dans les festivals, voire totalement inapplicables" font partie des causes indéniables de cette augmentation. "Seule variable d'ajustement" des festivals face à cette inflation, selon Malika Seguineau, directrice générale d’un syndicat patronal représentant de festivals privés : "le prix du pass et des billets".

“Aujourd'hui, certains artistes commencent à se dire que les festivals ne sont plus assez rémunérateurs et qu'ils préfèrent aller voir leur communauté de fans dans une grande salle.”

Malika Seguineau

à franceinfo

Malgré cette augmentation, des têtes d’affiche toujours plus importantes et "des conditions d'accueil ayant beaucoup progressé" durant les festivals français, ces derniers restent toutefois en concurrence directe avec leurs homologues européens qui "n’ont pas le même modèle économique" en gonflant parfois "leurs budgets en nouant des partenariats avec des marques d'alcool ou de cigarettes". Résultat : "même si en 2024, nous avons pu observer une fréquentation très importante, cette année, de nombreux festivals accusent beaucoup de retard dans les ventes de billets".

Si les différents acteurs continuent de "travailler sur l'évolution de l'objet festival", Malika Seguineau précise au micro de Tout Public que le secteur "ne peut pas tout attendre de l'État" alors qu’une concertation lancée en janvier avec le ministère de la Culture devrait rendre ses conclusions durant l'été.

L’air mouillé, un documentaire à la recherche de Tiphaine Véron

Pas de pathos dans L’air mouillé de Cécile Juan. Dans ce documentaire, la réalisatrice et amie d’enfance de Tiphaine Véron, touriste française disparue lors d’un voyage au Japon en 2018, accompagne Damien Véron, frère de la disparue, dans l’un de ses voyages dans la ville de Nikko sur les traces de sa sœur.

“Ce qui est terrible dans une disparition, c'est que vous aurez toujours l'impression que chaque partie des environs où Tiphaine aurait pu aller n'a pas été vérifiée.”

Damien Véron

à franceinfo

Ce type d’expédition, Damien Véron en fait une par an depuis sept ans et "se bat chaque année parce que le système judiciaire japonais ne permet pas qu'il y ait une enquête qui soit ouverte (...). Ce qui est très particulier au Japon, c’est que l'enquête démarre quand la personne a été arrêtée donc c'est pour ça qu'il n'y a jamais eu d'enquête criminelle ouverte".

"C'est un hymne d'amour" : dans un documentaire, la réalisatrice Cécile Juan, suit de l'intérieur le combat de la famille de Tiphaine Véron

Cette enquête, la famille a donc dû la mener elle-même, à travers plusieurs allers-retours entre la France et le Japon mais aussi en insistant auprès des autorités des deux pays avant d’être, aujourd’hui, soutenue par l’ONU."Mais tout ça, c'est long, c'est de l'argent et donc beaucoup d'investissement. Ce sont des voyages très longs et très pénibles", explique Damien Véron au micro de Tout Public. 

“Dans le film, c'était vraiment cette quête de vérité absolue que je voulais montrer, qui est celle de tant de familles de disparus et notamment de disparus à l'étranger.”

Cécile Juan

à franceinfo

Ce sont ce vide et cette solitude ressentis par la famille de Tiphaine après sa disparition dont témoigne L’air Mouillé. Pour Cécile Juan, l’objectif était clair : donner "un regard de l'intérieur, être dans leurs traces et dans l'intime à travers eux". À travers différentes scènes, du déménagement de l’appartement de la jeune femme aux fouilles sur place, Cécile Juan donne un aperçu de la "force qu’[elle] admire beaucoup et qui se retrouve dans beaucoup de familles de disparus". Si Damien Véron avoue parfois "oublié d’être triste", il n’omet pas, en revanche, de faire perdurer le souvenir de sa sœur, dont une statue sera dévoilée à Nikko le 29 juillet prochain, sept ans jour pour jour après sa disparition.

L'air mouillé, de Cécile Juan et avec Damien Véron, à visionner ici.

Une émission avec la participation de Yann Bertrand, journaliste au service culture de franceinfo.