L'Iran avec le photographe Reza Deghati et le journaliste Christian Chesnot

Dans Tout Public du vendredi 13 juin 2025, le grand reporter Christian Chesnot, spécialiste du Moyen Orient, et le photographe iranien Reza Deghati évoquent les bombardements israéliens en Iran et les hypothèses d’une société post-République islamique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le photographe Reza Deghati (à gauche) et le jorunaliste Christian Chesnot à (droite) (Murat Kaynak / Agence Anadolu / RADIO France)
Le photographe Reza Deghati (à gauche) et le jorunaliste Christian Chesnot à (droite) (Murat Kaynak / Agence Anadolu / RADIO France)

Dans un contexte économique délicat et pris dans le mouvement de contestation Femmes, vie liberté, le régime iranien a dû faire face dans la nuit du 12 au 13 juin 2025 à une série de bombardements massive, inédite mais extrêmement ciblée de l’État Hébreu. “Ces attaques israéliennes, on les attendait depuis longtemps”, témoigne au micro de Tout Public le photographe iranien Reza Deghati.

Qualifiées d’"énormes" par une Iranienne vivant à proximité de lieux touchés, ces frappes visaient des hauts responsables militaires ainsi que des experts et des lieux de recherche nucléaire. Questionnée internationalement, l'avancée de la République islamique d’Iran dans le domaine interroge aussi à un niveau national. Pour Christian Chesnot, grand reporter, spécialiste du Moyen Orient pour la rédaction internationale de Radio France, “beaucoup d'Iraniens vous disent que l'argent serait mieux investi en Iran pour créer des emplois. On se souvient de l'ex-président Rohani à la présidentielle qui disait qu’il valait mieux créer des emplois plutôt que faire tourner des centrifugeuses." Et si, selon le journaliste, "officiellement, le régime dit : on ne veut pas la bombe, on veut un programme civil", cette attaque d’ampleur de l’armée israélienne est la preuve pour Reza Deghati que le régime iranien "mentait quand il disait ne pas avoir d’armes nucléaires, car le peuple ne voulait pas que le pouvoir en ait. Avoir des armes nucléaires, c’est une garantie de la continuité de ce régime".

“Le régime ne pouvait pas et ne peut pas continuer d’une telle façon, avec une telle oppression.”

Reza Deghati

à franceinfo

Au lendemain de ces frappes et alors que l’offensive continue, une question est sur toutes les lèvres : cette déstabilisation d’une République islamique déjà fragilisée peut-elle aboutir à la libération du peuple iranien ?

Pour le photographe, la réponse est sans appel : “les guerres ne résolvent pas tous les problèmes”, “je pense que ce qui va libérer le peuple iranien, c’est le peuple lui-même”. Le constat est le même pour Christian Chesnot. Selon lui, “la pire des choses, serait un changement par l'extérieur, par des frappes israéliennes avec l'aide américaine. On a bien vu ce qu’il s'est passé en Irak, ça a été un fiasco total. Les Iraniens sont abattus et espèrent un changement, mais ils ne veulent pas connaître le sort de la Syrie ou de l'Irak.”

“Cette ligne de crête très étroite” sur laquelle marchent les Iraniens risque de devenir encore plus glissante pour Reza Deghati, qui craint “une pénurie de pétrole” et “une pénurie de nourriture”, “déjà, dans certaines villes d’Iran, le peuple commence à s'agiter. Les gens vont aller dans la rue et ça va être un grand échec du régime.” “Pas une espérance”, ce début de guerre pourrait toutefois s’avérer être “un tir final contre le serpent mutilé du régime iranien”.

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