L'histoire de l'hymne de Liverpool, retour sur les chiffres musicaux de 2024 en France et le premier roman choc d’Adèle Yon

Dans “Tout Public” du 11 mars 2025, retour sur l’histoire de l’emblématique hymne de Liverpool actuellement en course pour la Ligue des Champions, analyse des chiffres de la musique avec le producteur Bertrand Burgalat, président du Syndicat National de l’Édition Phonographique et le premier roman d’Adèle Yon entre féminisme et enquête de famille.

Article rédigé par franceinfo
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Bertrand Burgalat, président du SNEP ( à gauche), et Adèle Yon ( à droite). (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Bertrand Burgalat, président du SNEP ( à gauche), et Adèle Yon ( à droite). (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

You’ll never walk alone, l'hymne emblématique des Reds, équipe de football de Liverpool, faisant frissonner des stades entiers depuis des décennies ne trouve pourtant son origine ni au Royaume-Uni, ni sur un terrain. Tiré d’une comédie musicale, Carrousel, née aux États-Unis en 1945, le chant réconforte une veuve ayant récemment perdu l’amour dans un cambriolage. La chanson trouve son écho durant la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle de nombreuses jeunes femmes s’identifient, elle finit finalement par traverser l’Atlantique en 1950 pour s’exporter au Royaume-Uni où elle y est jouée depuis 80 ans. Reprise depuis par de nombreux artistes d’Elvis Presley à Alicia Keys, You’ll never walk alone continue de dresser les poils lors des rencontres sportives, comme ce mardi 11 mars 2025 alors que Liverpool affrontera le Paris Saint-Germain en huitième retour de la Ligue des Champions. 

Le secteur musical français en bonne santé ; analyse du producteur, musicien et président du SNEP, Bertrand Burgalat

Bonne nouvelle pour l’industrie musicale française, 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2024, en hausse de 7% sur un an et une croissance pour la huitième année consécutive. Mauvaise nouvelle, ce n’est que la moitié du total de l’année 2002. Et si les streams, arrivés depuis les vingt dernières années, peuvent donner l’impression de rendre cette comparaison caduque, Bertrand Burgalat la trouve, lui, pertinente, “Je trouve que c'est quand même très intéressant parce que ça dit à quel point on a souffert à l'époque. En deux ans, la musique enregistrée avait perdu 70 % de son chiffre d'affaires et elle avait vraiment anticipé tous les changements qui ont impacté le reste des activités humaines. C’est vrai qu’en 2002, 2003 on voyait arriver le numérique (...). À l'époque, ça a été très violent”.

Cette question du numérique est mise en parallèle par Bertrand Burgalat avec celle de l'intelligence artificielle. “L'IA, on ne peut pas dire qu'on ne l'a pas anticipé. Mais si demain on vous dit qu'il y a une météorite qui va tomber dans votre jardin, vous pouvez faire ce que vous voulez, vous pouvez mettre une bâche, ça va être compliqué.”

"On est parmi les premiers concernés. Les défis que l’on a à affronter, tout le reste de la société les affronte après”

Bertrand Burgat

Mais au-delà des doutes et des craintes semés par l’intelligence artificielle dans bien des secteurs, le producteur note “une dynamique positive” dans la croissance des chiffres musicaux français. Encouragés notamment par les Jeux Olympiques, vitrine pour les chanteurs francophones de Phoenix à Edith Piaf, les streams d’artistes français à l’étranger ont explosé, toujours dominés par Aya Nakamura et les vinyls devancent, pour la première fois depuis 1987, les ventes CD. 

Féminisme, secrets de famille et brisage de chaînes, Je m'appelle Elizabeth, le premier ouvrage d’Adèle Yon est "tiré du passé et tourné vers le futur"

Entre quête personnelle et enquête familiale, Adèle Yon se libère dans son premier roman d’une inquiétude planante et “viscérale”, celle de la transmission génétique de la folie. Mélange de formats entre témoignages retranscrits, prose, documents scientifiques et dans une écriture “plus cinématographique que littéraire”, Mon vrai nom est Elisabeth, s'intéresse à la grand-mère de l’autrice. Diagnostiquée schizophrène et lobotomisée dans les années 50, cette dernière fait l’objet, pendant deux générations, de hontes et de secrets familiaux. Secrets pourtant considérés comme “ultra-visibles” par l’autrice, puisque l’imaginaire familial construit autour de cette figure poussent, à la sortie de l’adolescence, les femmes de la famille à s’inquiéter d’être potentiellement victimes du même trouble qu’Elisabeth, “comme si c'était une forme de rite de passage qu'on devait endosser dans ce moment de transition entre jeunes filles et femmes”.

Au cours de son enquête, Adèle Yon s'apercevra finalement que les motifs d’internement de son aïeul tenaient plus de ses désirs d’indépendance et d’émancipation que d’une pathologie mentale, à une époque et dans un milieu où le rôle de la femme se cantonnait à celui de mère et d’épouse. En ré-humanisant sa grand-mère, l’autrice fait passer son récit de l'intime à l'universel par la colère, “parce que c'est l'histoire d'une jeune femme avant tout vivante, libre, émancipée et que sa famille choisit de mettre à l'écart” mais c’est également une histoire de famille récurrente, en témoignent les nombreux messages reçus par Adèle Yon suite à la parution de son ouvrage. 

"Pour que cette peur de la malédiction familiale et de la maladie mentale ne se reproduise pas à l'intérieur de cette famille et par extension à toutes les autres femmes qui vivent dans leur propre famille. Qu'on puisse se libérer de la peur par ce partage de l'expérience féminine et de l'enquête”

Adèle Yon

Mon vrai nom est Élisabeth, d'Adèle Yon, Éditions du sous-sol, disponible en librairie 

Une émission avec la participation de Matteu Maestracci et Yann Bertrand journalistes au service culture de franceinfo

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