Des cérémonies et l'analyse du beauf

Dans Tout Public du 14 mai 2025, le rap a fêté sa troisième cérémonie des Flammes, Cannes ouvre officiellement ses portes et Rose Lamy revient sur la figure du beauf dans son dernier livre.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Les Flammes, Cannes et le roman de Rose Lamy (©Les Flammes ; © Seuil)
Les Flammes, Cannes et le roman de Rose Lamy (©Les Flammes ; © Seuil)

Pas de ministres mais des moments forts à la Seine musicale dans la soirée du 14 mai 2025 avec la 3e édition des Flammes, cérémonie de récompenses des artistes hip-hop. Les artistes Shay et Théodora se sont respectivement vus décerner les prix d’artiste et de révélation féminines de l’année quand La Mano 1.9 et Tiakola ont remporté les catégories masculines. 

“Nos petits frères et petites sœurs ont la chance que l’on n'a pas eue, de voir à la télé des gens qui leur ressemblent.”

Marwan Benlazar

Entre remises de prix et discours, les prises de paroles politiques se sont enchaînées. Marwan Ben Lazar, humoriste qui avait soulevé des accusations de salafisme à cause de son apparence vestimentaire, a notamment alerté sur “la meilleure promotion pour l’extrême droite” que représente l’arrivée de l’animateur Cyril Hanouna sur la chaîne M6 à la rentrée prochaine. Le rappeur Kery James a, lui, renouvelé son soutien à la Palestine et à Aboubacar Cissé, fidèle tué dans une mosquée du Gard le 25 avril 2025, en s’adressant à la foule et aux artistes à coup de “Qui prétend faire du rap sans prendre position ?”

Une cérémonie engagée et un tournant dans un moment où le genre musical était marqué par l'aseptisation du discours de ses représentants. 

En route pour Cannes

Moins enflammée, la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes a tout de même été largement marquée par les fracas du monde. Gaza, Ukraine ou encore Donald Trump, ont été évoqués sur les marches et au milieu des nombreuses stars américaines présentes. Robert de Niro, Palme d’honneur de la 78e édition du festival, a dénoncé de manière virulente la politique de son président qui prévoit de lancer des droits de douane contre les films américains tournés à l’étranger. Pour Jordan Mintzer, journaliste au The Hollywood Reporter, l’acteur se "permet de dire quelque chose que beaucoup de gens pensent à Hollywood aujourd'hui. De plus en plus de projets américains, même des projets avec de gros budgets, ne sont plus financés aux Etats-Unis mais à l'étranger. C'est le genre de deals qui sont faits à Cannes par les producteurs et les distributeurs."

Au lendemain de cette soirée, ce sont La Quinzaine des cinéastes et La Semaine de la Critique, deux sections parallèles du Festival, qui ont ouvert leurs portes. 

Dans la sélection de la première : Enzo, film à quatre mains de Robin Campillo et Laurent Cantet. Malade au début du projet, ce dernier décède pendant le tournage. D’un accord préalable, son complice et collègue reprend alors les rênes du film qui traite de la honte d’un couple de parents quant à l’orientation de leur fils Enzo.

“Laurent Cantet était heureux qu'on continue l'aventure (...). On peut penser que c'est violent, que c'est triste, mais le plus violent et le plus triste, ça aurait été de tout arrêter.”

Robin Campillo 

à franceinfo

À La Semaine Critique, c’est Laura Wandel, réalisatrice belge qui a brillé. Avec Léa Drucker en infirmière pédiatrique et Anamaria Vartolomei en jeune mère célibataire luttant pour la garde son fils, L’Intérêt d’Adam, se déroule sur quelques heures dans un hôpital entre manque de moyens et hiérarchie rigide. 

Ascendant beauf : Rose Lamy déconstruit les clichés

Peut-on être beauf et féministe ? C’est la question que s’est posée Rose Lamy, autrice féministe, dans son dernier livre Ascendant beauf. Après s’être attaquée dans son précédent ouvrage au bon père de famille, c’est à cet autre "personnage symbolique" qu’elle choisit de s’intéresser. Pour elle, "il n'a pas vraiment de réalité sociologique. J'aime bien interroger ces figures-là qu'on connaît tous sans les connaître, qui permettent de penser le monde d'une certaine manière," explique-t-elle.

Issue d’un milieu qu’elle qualifie elle-même de "populaire", c'est lors d’une soirée étudiante que Rose Lamy prend conscience de la violence symbolique imposée par certains de ses camarades parisiens. "Les étudiants mettent Les yeux d’Emilie, moi je vais premier degré chanter et danser sur la piste. Je les vois ironiser, mettre le titre à distance (...), un peu pour dire qu'ils ne l’ont pas hérité de leurs parents(...). À partir de ce moment-là, je me suis dit qu’il fallait se transformer culturellement à plein d'endroits. Par contre, ce sera impossible pour moi à l'endroit de Joe Dassin. C'est le moment où je dis non, je ne me transformerais pas."

“Quand on devait montrer ses photos d'enfance, j'avais toujours une ironie, une mise à distance. Maintenant, je peux la regarder assez fièrement en disant : elle était libre.”

Rose Lamy

à franceinfo

Entre récit et essai, Ascendant beauf, revient sur la construction de ce stéréotype et sur le mépris culturel et les conséquences politiques qu’elle entraîne.

Ascendant beauf (aux éditions du Seuil), de Rose Lamy, disponible en librairie.

Une émission avec la participation de Matteu Maestracci et Thierry Fiorile, journalistes au service culture de franceinfo. 

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