Bourges et son Printemps, et une rétrospective de l'œuvre de Robert Doisneau au musée Maillol

Dans Tout Public du jeudi 17 avril 2025, Bourges, riche de son statut de future capitale européenne de la culture, fait fi des coupes budgétaires et la présentation de l'exposition "Instant Donnés" par la fille de Robert Doisneau, Francine.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Louis Aubert, le 16 avril 2025 au Printemps de Bourges. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)
Jean-Louis Aubert, le 16 avril 2025 au Printemps de Bourges. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Rendez-vous printanier incontournable de la scène musicale française, le Printemps de Bourges s’est ouvert mercredi 16 avril avec deux noms affichés en grand : Jean Louis Aubert et Clara Luciani. Mais si les artistes aux millions d’écoutes animent Bourges, le festival est aussi un écrin de choix pour les projets originaux.

Jeudi, c’est l’album de piano solo le plus vendu au monde de Keith Jarrett qui a été revisité sous la direction artistique d’Édouard Ferlet. Le pianiste était invité à reprendre le mythique Köln Concert, accompagné d’un piano entièrement piloté par l’intelligence artificielle, capable de jouer sans musicien. Après une série de doutes durant la préparation de ce dispositif, ambitieux sur le papier et réussi sur scène, Édouard Ferlet explique avoir mis au point "un concert qui ne pourrait pas fonctionner avec un humain derrière le piano".  Une création du Printemps de Bourges, pour la première fois en langue arabe, verra aussi le jour durant cette édition, en mettant à l’honneur la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum chantée par Camélia Jordana ou Souad Massi. 

La culture, une priorité pour Bourges

Une ombre pourrait toutefois assombrir le tableau alors que la ville s’apprête, en 2028, à devenir Capitale européenne de la culture : celui des coupes budgétaires. Yann Galut, le maire de la ville, affirme cependant vendredi 18 avril qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir.

"Il faut continuer à privilégier la culture. On peut considérer qu'elle coûte cher, mais elle rapporte énormément."

Yann Galut

à franceinfo

"Elle rapporte le vivre ensemble, le relationnel, le fait que les enfants puissent s'éveiller, développe l'élu. Donc Bourges "n'a pas du tout touché aux budgets de la culture. C'est un choix politique, il est même un petit peu en augmentation. Et c'est vrai que la perspective d'être capitale européenne de la culture en 2028 nous a fortement aidés dans le débat politique du moment. Cet événement nous permet d'affirmer la priorité de la culture pour la ville de Bourges et pour l'ensemble du territoire". Soutenu par Rachida Dati et le gouvernement dans la préparation de cette année hors-norme, Yann Galut affirme toutefois être conscient d’avoir de la chance et que ce n’est pas le cas de tous ses collègues. 

Robert Doisneau "faisait confiance au hasard", raconte sa fille

"Il a travaillé de ses 16 ans jusqu’au jour où il est entré à l’hôpital et il avait 80 ans. Je ne l’ai jamais vu sans appareil photo" , confie vendredi 18 avril sur franceinfo Francine, la fille de Robert Doisneau. C’est peut-être ce qui explique l'œuvre prolifique de l’un des plus célèbres photographes parisiens, composée de pas moins de 450 000 négatifs. Quatre cents d’entre eux, soigneusement choisis par sa famille, seront présentés dans le cadre de l’exposition "Instants Donnés" au Musée Maillol. L’occasion de redécouvrir des clichés emblématiques mais aussi des moins connus.

"Je voyais les photos qui sortaient, c'était toujours les mêmes. Les autres existent, elles étaient dans des boîtes. Elles étaient parfaitement classées, répertoriées, légendées, mais personne n'en voulait."

Francine Deroudille, fille de Robert Doisneau

à franceinfo

Des mineurs dans les profondeurs de la terre à Lens, aux personnes précaires dans les rues parisiennes, en passant par les plus grands artistes contemporains dans leurs ateliers, les sujets du photographe étaient divers mais toujours traités avec bienveillance et intérêt. "Il y avait quelque chose de très important chez lui, il faisait confiance au hasard. Il disait toujours qu'il fallait laisser son pied dans la porte pour laisser entrer le hasard. Pour lui, si l’on attendait, si l’on avait une patience de pêcheur à la ligne, si l’on observait bien, il pouvait se passer quelque chose d'un peu mieux que l'instant d'avant. Il pouvait rester des heures et des heures et des heures comme ça".  Entre le thème de l’enfance, récurrent dans l'œuvre de l’artiste, et d’autres nettement moins abordés jusqu’ici, l’exposition donne un nouveau regard de l’œuvre du photographe du Baiser de l’Hôtel de Ville, entre les années 1930 et 1990.

Instants Donnés au Musée Maillol, jusqu'au 12 octobre 2025.

Une émission avec la participation de Yann Bertrand et Anne Chépeau, journalistes au service culture de franceinfo. 

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