Bob Sinclar pour un nouvel EP et les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l'enfance.

Dans Tout Public du jeudi 19 juin 2025, le DJ Bob Sinclar présente son nouvel EP "The Roses" et le journaliste Claude Ardid sillonne la France pour tenter d’expliquer dans "La fabrique du malheur" les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le dernier EP de Bob Sinclar et le livre "La fabrique du malheur" (Yellow productions ; éditions de L'observatoire)
Le dernier EP de Bob Sinclar et le livre "La fabrique du malheur" (Yellow productions ; éditions de L'observatoire)

World hold on!, tout comme son mythique compositeur Bob Sinclar qui, depuis 30 ans, fait danser la planète.

Culte : focus sur les DJ, roi des platines devenus artistes à part entière

De retour avec un nouvel EP, The Roses, le DJ s’adapte à la "nouvelle mode inspirée par les réseaux sociaux." Car si l’artiste se rappelle avoir commencé à "l’ancienne école où on envoyait des disques par la poste et où il fallait aller se déplacer pour les mettre en magasin", le producteur a bien conscience qu’"aujourd'hui, les gens font leurs propres playlists personnelles sur les plateformes de streaming. Donc si vous faites un album, ils choisiront un ou deux titres peut-être et oublieront le reste." Un changement de pratique donc, mais qui ne semble pas pénaliser l’artiste qui compte plus de 17 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify et affirme rester "un passionné".

“On a pris du temps, à vraiment être fiers de ce que l’on faisait.”

Bob Sinclar

à franceinfo

La recette de ce succès, Bob Sinclar la doit sûrement en partie à Jean-Paul Belmondo et son film Le Magnifique, qui donne au musicien "l’idée du personnage" lorsqu’à 18 ans, dans sa chambre d’ado, il "rêvait de devenir un DJ qui voyage dans le monde entier". Trente ans plus tard, "très content de continuer à jouer [ses] anciens titres et de représenter [son] monde et [son] travail". Si la route est aujourd’hui dégagée, le chemin de la musique électro française, la French Touch, s’est avéré sinueux. "Au début", explique-t-il au micro de Tout Public, "lorsqu’on était français, on avait presque honte de sortir des disques, on n'était pas considéré". Arrivée des Etats-Unis puis passée par l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne ou l’Italie, l'électro n’est arrivée que "très tard en France". Aujourd’hui implantée et de renommée mondiale, la French Touch ambiance before, fêtes et after, tout le comme promet I Go, le nouveau titre de Bob Sinclar.

The Roses, de Bob Sinclar, disponible sur toutes les plateformes.

"La fabrique du malheur", livre enquête sur les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance

"Pourquoi le petit Malaka, à côté de Toulon, qui était suivi par l'Aide sociale à l'enfance est décédé sous les coups de son beau-père. Pourquoi des gamines de 15 ans meurent dans des hébergements sociaux ?"

"Les gouvernements successifs n'ont pas pris la mesure de la hausse de cette violence intrafamiliale", Claude Ardid dénonce les dérives de l'Aide sociale à l'enfance

Ce sont ces questions auxquelles le journaliste Claude Ardid tente de répondre dans son livre La fabrique du malheur. À l'issue de cette enquête tour de France des dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), l’auteur donne la réponse de manière "brutale" et "sans langue de bois" au micro de Tout Public : "On se moque de la parole des enfants. On ne les entend pas. Les enfants sont des objets."

“Quand les enfants disent des choses sur la souffrance, le viol incestueux, le harcèlement, on peut les entendre, mais on ne fait pas en sorte de venir les aider, de prendre toutes les mesures pour les sauver de la maltraitance dont ils sont les victimes.”

Claude Ardid

à franceinfo

Cette conclusion sans appel est tirée des 18 mois pendant lesquels Claude Ardid a écouté, suivi et raconté des enfants ayant subi tous types de violences alors que placés sous la responsabilité d’institutions. Parmi eux, "des bambins que l’on place dans des familles sans s’assurer qu’elles soient en capacité de s’en occuper", parfois "avec des gens qui ont été condamnés pour agression sexuelle".

Si la justice finit, dans certains cas, par reconnaître le statut de victimes des enfants abusés dans le cadre de leur placement, le silence des organes responsables de ces jeunes donne "la rage" au journaliste. Au procès de Châteauroux, alors que le Conseil départemental de l’Indre et l’ASE, n’étaient pas sur le banc des prévenus, Claude Ardid estime qu’"ils auraient  pu se porter partie civile, dire : On a foiré, on a raté, on va accompagner les gamins pendant le procès, on va les prendre en charge. Ils ne sont même pas venus", conclut-il. "Et quand le président du Conseil départemental, homme politique depuis 30 ans, témoigne devant la commission, devant les députés, il dit quelque chose qui est incroyable : Je ne savais même pas que je pouvais me porter partie civile. C'est terrible."

La fabrique du malheur (aux éditions de L'observatoire), de Claude Ardid, disponible en librairie. 

Une émission avec la participation de Matteu Maestracci, journaliste au service culture de franceinfo.

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