Cet article date de plus d'onze ans.

L'Europe au bord de la déflation

L'Europe en général, la France en particulier, sont-elles menacées par une baisse générale des prix – ce que l'on appelle la déflation ? La question refait surface en cette fin d'année car plusieurs indicateurs le laissent entendre.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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La déflation, c'est quand les prix commencent à baisser de manière importante, persistante et durable. C'est ce que l'on constate depuis plusieurs mois avec les chiffres d'inflation, un des indicateurs de notre pouvoir d'achat. Prenons le mois de novembre puisqu'Eurostat a publié les chiffres hier. Au niveau européen, les prix ont augmenté de 0.9% le mois dernier (+0.7 pour la France). Problème, il y a tout juste un an, nous avions au niveau européen une inflation de 2,2%. Autrement dit, nous avons perdu près d'un point et demi en 12 mois. C'est énorme.


Pourquoi est-ce un problème ? Quand les prix baissent, c'est bien pour les consommateurs*

C'est vrai. Mais en réalité, cette baisse est source de ralentissement économique. Suivez l'enchaînement : face à des prix qui reculent, le consommateur - c'est naturel - se dit : si cela baisse aujourd'hui, cela va encore plus baisser demain... donc, j'attends un peu pour consommer, je renvoie à plus tard l'achat de ma voiture, par exemple. Une consommation ainsi différée fait baisser (voire chuter dans certains cas) les commandes aux entreprises qui réduisent leur production, baissent les salaires ou licencient purement et simplement. C'est la spirale infernale, le cercle vicieux.
Les économistes alertent aujourd'hui car on sait qu'une inflation inférieure à 1% est un seuil de basculement très risqué dans la déflation officielle. On est entre 0.9 et 0.7 : le seuil est donc atteint.

Concrètement, comment s'explique une baisse généralisée des prix ?

Le taux de change. L'euro qui remonte face au dollar depuis un an a pour conséquence de faire baisser les prix des produits que nous importons (sur un an, la monnaie unique a gagné environ 6% sur le billet vert).
Le coût des matières premières importées qui a joué sensiblement à la baisse sur les prix de l'énergie.
Les dévaluations compétitives intérieures auxquelles se livrent les pays de l'Europe du Sud (Italie et Espagne notamment) : pour rendre leur industrie plus compétitive à l'export, ils ont baissé les salaires et réduit l'emploi. Et cela sur pression de la communauté internationale. Plus qu'un paradoxe, c'est le schizophrénie.

Où sont les solutions ?

Il n'y en a pas 36. Quand la demande baisse dans le secteur privé, il faut relancer la machine par la demande publique (c'est la politique keynésienne). Mais cela veut dire relance budgétaire. Et comme les Etats sont aujourd'hui sans le sous... je ne vous fais pas de dessin.
L'autre solution est entre les mains des banques centrales qui peuvent baisser les taux d'intérêt pour permettre aux entreprises de réinvestir et soutenir l'activité. Mais les taux sont déjà très bas et les marges de manœuvre sont aujourd'hui quasi inexistantes. Et même dans ce cas, rien n'indique que les ménages vont de nouveau consommer.
Donc nous en sommes là. C'est le flou total. La vraie solution,  c'est le retour de la confiance par une vraie baisse du chômage. Mais ceci est une autre histoire, assurément l'objet d'une autre chronique.

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