Crise politique : "Emmanuel Macron est en train de mettre à genoux la démocratie française", affirme Sandrine Rousseau, députée "Écologiste et social" de Paris
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La députée "Écologiste et social" de Paris, Sandrine Rousseau, était l’invitée de l’émission "Tout est politique", diffusée sur franceinfo le dimanche 12 octobre. Elle a répondu aux questions de Myriam Encaoua et Laurent Joffrin, revenant sur la crise politique actuelle, la reconduction de Sébastien Lecornu au gouvernement, et la colère grandissante d’une partie des Français face à ce qu’elle décrit comme un "déni de démocratie".
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
Myriam Encaoua : Je voudrais vous entendre sur les Français, sur ceux qui regardent ce spectacle politique. Depuis longtemps, ils se sont éloignés de la politique. Depuis longtemps aussi, la défiance s’est installée. Mais aujourd’hui, on semble tomber dans le dégoût, voire dans l’écœurement. Certaines familles disent même qu’on ne parle plus de politique à la maison. Que leur dites-vous ? Peut-on encore leur demander de nous écouter ? On a l’impression qu’un vent de "dégagisme" pourrait bientôt souffler très fort sur le pays.
Sandrine Rousseau : J’ai hésité à venir, car je suis extrêmement en colère face à toute cette séquence politique. Je ne suis pas certaine de pouvoir trouver les mots justes pour m’adresser aux Français et aux Françaises. Je voudrais simplement leur dire que beaucoup ne comprennent plus ce qui se passe, et que d’autres voient leur vie professionnelle, leur vie économique suspendue aux décisions qui seront prises.
Prenons un exemple : le centre Primo-Levi, que j’ai visité la semaine dernière. Il accueille et soigne des personnes torturées à l’étranger, et il est aujourd’hui contraint de licencier un tiers de son personnel. Le Planning familial, lui, ne sait même pas comment il va pouvoir financer ses salaires.
Et puis, il y a tous ces citoyens qui subissent ce moment de flottement du pays : des commerçants qui attendent des clients qui ne viennent plus, des entrepreneurs qui hésitent à investir ou à prendre des décisions. Ce que nous vivons dépasse le simple sentiment de dépit : c’est un pays à l’arrêt, des gens à l’arrêt, alors même qu’ils ont besoin de politique, qu’ils ont besoin de politiques publiques. Je suis mortifiée par ce qui se passe et encore, le mot est faible. Je suis profondément en colère.
Myriam Encaoua : Très en colère contre qui ?
Sandrine Rousseau : Contre Emmanuel Macron. C’est, selon moi, le principal responsable. Il s’est comporté comme un chef guerrier face à sa pyramide, tel Napoléon à Austerlitz, et il partira, je le crains, comme Napoléon à Waterloo. On ne peut pas humilier impunément le peuple français. La reconduction de Sébastien Lecornu, après sa démission, constitue une humiliation de plus. Et cela, je crois que les Français ne le supporteront pas.
Myriam Encaoua : Que voulez-vous dire par là ? Un élu d’Horizons expliquait récemment, avec Édouard Philippe, qu’il faudrait qu’Emmanuel Macron parte de manière organisée, afin de laisser aux Français le temps d’une véritable campagne présidentielle. Vous, allez-vous plus loin ? Souhaitez-vous qu’il parte immédiatement ?
Sandrine Rousseau : Je pense que ce n’est pas à moi de le dire, mais aux Français eux-mêmes. Je crois qu’il y aura des mouvements d’ampleur, et si ce ne sont pas des mouvements dans la rue, ils prendront une autre forme. Je ne sais pas encore laquelle, mais quelque chose va se produire.
Myriam Encaoua : Et vous, personnellement, souhaitez-vous cela ?
Sandrine Rousseau : Ce dont je suis certaine, c’est qu’une réaction viendra. On ne peut pas, à ce point, gouverner contre le peuple, en ne pensant qu’à son intérêt personnel. Ce n’est tout simplement pas possible.
Laurent Joffrin : Dans l’immédiat, tout va pourtant se jouer au Parlement. Certes, l’opinion publique compte, mais les institutions font que c’est là que se décidera la suite. Vous considérez, si je vous comprends bien, que ce "gouvernement Lecornu 2" n’a pas lieu d’être. Faut-il donc le censurer immédiatement ?
Sandrine Rousseau : "Lecornu 2", c’est un crachat au visage. Mais il ne s’agit pas de censurer a priori, comme si nous étions dans une opposition purement stérile. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est un déni de démocratie. Par son entêtement, par son isolement, par son refus d’admettre ses erreurs, Emmanuel Macron met la démocratie française à genoux.
Bien sûr, notre Ve République n’est pas parfaite, je fais partie de ceux qui souhaitent une VIe République, mais la démocratie demeure notre bien le plus précieux. C’est elle qui nous permet de vivre ensemble, de faire société. On peut débattre des politiques publiques, mais la démocratie est le cadre sans lequel tout s’effondre.
Aujourd’hui, elle n’a jamais été aussi fragilisée. Et le fait qu’un seul homme, par son caractère et son obstination, puisse ainsi paralyser tout un pays, montre à quel point nos institutions sont devenues vulnérables.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
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