"Notre société a besoin d'amour et l'animal de compagnie est une réponse", analyse Jean Viard
La porte de Versailles accueille l'Expozoo, samedi 8 et dimanche 9 mars. Un rendez-vous dédié au bien-être des chats et des chiens. L'occasion pour le sociologue Jean Viard d'analyser la relation des Français avec leurs animaux de compagnie.
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Plus de la moitié des Français possède un chat ou un chien de compagnie. Certains vont même jusqu'à considérer leur animal comme un "membre de la famille".
franceinfo : D'où vient cette passion des Français pour les animaux de compagnie ?
Jean Viard : Plus de 60% des Français ont un jardin et parmi eux, 80% ont un animal dont l'animal de compagnie et très lié au fait d'avoir une maison avec jardin. Ce qui est assez logique parce qu'il y a très très peu de chiens dans les villes. Il y a 20 ans, il y en avait partout. Quand j'étais enfant, il y avait encore des animaux de travail. Mon oncle était vétérinaire, je ne l'ai jamais vu soigner autre chose qu'un cheval, une vache ou un cochon, un animal qui avait une valeur marchande. Aujourd'hui, c'est complètement différent. On soigne des animaux pour des sommes énormes comme on le ferait pour un membre de la famille.
En 50-60 ans, on a vécu une montée massive vers les villes et donc le désir de ne plus être dans la boue, de ne plus avoir d'animal de travail. On est passé dans le "non-animal" et il est aujourd'hui de retour.
Vous avez commencé à l'évoquer, certains Français considèrent aussi leur animal comme un membre de la famille, jusqu'à remplacer un enfant parfois ?
Oui, il y a une espèce de déplacement. On fait de moins en moins d'enfants dans nos sociétés et l'animal est quelque part en train de prendre sa place. La rareté de l'enfant amène l'animal. Il y a aussi l'animal en soutien aux personnes âgées. On est dans une société où l'on a besoin d'amour, de compagnie et l'animal est une réponse à ce besoin.
Avec parfois, une perte de mesure dans le soin qu'on lui apporte ?
On leur met des robes, on leur achète des pulls. Aujourd'hui, les Français dépensent 500 euros pour l'alimentation de leur chien par an, plus 300 euros pour les chats. Si on se met dans la tête que c'est un enfant de substitution, on va l'habiller comme tel. Il faut ajouter que l'animal est devenu très cher. Il y a 50 ans, la plupart des gens avaient des chiens bâtards, le chien ne coûtait rien, le chat ne coûtait rien. Aujourd'hui, un chien, ça vaut souvent entre 1 000 et 2 000 euros et on le veut pure race, ce qui pourrait aussi nous questionner.
Ce besoin d'animal gentil va-t-il de pair avec un besoin de nature ?
On a commencé à habiter à côté des villes, on est parti de la campagne, on est allé vers la ville. Nos parents ont fait ce travail, nos grands-parents et nous, on retourne à côté des villes ou dans les petits villages. Parce que l'écologie, la bataille pour la nature, c'est d'abord une bataille charnelle : on plante son arbre, ses tomates et on a un animal. Je trouve ça extrêmement positif.
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