Finale de la Ligue des champions : "Un match de football c'est une guerre pacifique", estime le sociologue Jean Viard

Le Paris Saint-Germain affronte l'Inter Milan, samedi 31 mai, en finale de la Ligue des champions. Un événement sportif suivi à travers le monde entier. Le sociologue Jean Viard rappelle comment

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Fontaine
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Les ultras du PSG au Parc des Princes, le 16 décembre 2022. (STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS via AFP)
Les ultras du PSG au Parc des Princes, le 16 décembre 2022. (STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS via AFP)

Impossible de passer à côté de l'événement sportif du week-end. Samedi 31 mai, l'Inter Milan et le Paris Saint-Germain s'affrontent à Munich en finale de la Ligue des champions. Un match suivi au Parc des Princes par 48.000 supporters parisiens, 18.000 dans le stade allemand, sans compter les nombreuses fan zones installées autour de Paris.

franceinfo : Le foot, c'est plus qu'un sport aujourd'hui. Pour certains, c'est quasiment une religion. Comment vous l'expliquez ?

Jean Viard : C'est la semaine de l'Ascension, mais il ne faut pas exagérer. C'est une passion incontestable qui structure la vie de certains supporters. C'est une adhésion à un groupe, à une communauté, à un grand moment collectif dans une société où il n'y a plus énormément de temps collectif. La religion sert à aller vers l'au-delà, dans le football, on cherche d'abord à aller vers la fin de l'année. Ce n'est pas du tout le même objectif.

Il y a pourtant chez certains, une forme d'adoration des joueurs, sans oublier ce grand moment de communion chaque week-end. Le parallèle s'arrête là ?

Jean Viard : Ce sont des stars comme il y avait des stars de cinéma après-guerre. La starification s'est déplacée vers le sport et notamment le football. C'est un jeu populaire et il a été porté par la télévision depuis un peu plus de 30 ans. Depuis la retransmission des matches, le football a beaucoup plus d'argent, les joueurs sont beaucoup plus entraînés. Le spectacle a atteint un niveau souvent exceptionnel.

Nous parlons souvent de fragmentation de la société dans ce rendez-vous, mais un match, ça reste un moment où l'on oublie tout ou presque, où des inconnus s'unissent, ça reste rare... 

Oui, et c'est différent suivant les villes. Il y a des villes où le public est très féminin, où il y a beaucoup d'enfants, ce qui est par exemple le cas de Marseille. Il y a des villes qui sont beaucoup plus violentes avec des bandes de hooligans extrêmement durs. Selon moi, le foot, c'est une guerre pacifique. C'est un combat d'hommes ou de femmes, mais c'est avant tout un grand moment collectif.

Qu'est-ce que cela dit de notre époque ? Que le football nous rassemble davantage que la politique ou les événements culturels ?

Nous sommes dans une période de crise profonde où la politique ne rassemble plus, c'est vrai. Les gens n'ont plus confiance, ils ont beaucoup plus confiance dans les entreprises. Il faut malgré tout être prudent. À Marseille par exemple, il y a plus de gens qui vont au théâtre qu'au match. Il y aura 48.000 spectateurs au Parc des Princes pour le match sur écran géant, alors qu'il y a 12 millions d'habitants en Ile-de-France. Certes, il y aura des millions de gens devant leur télévision, mais il faut d'ailleurs que le milieu soit vigilant. Le système de diffusion du football est devenu complètement incompréhensible. Ça change tout le temps. Si on veut que lien par la télévision continue, il faut être vigilant !

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