Cancer : "La libération de la parole fait aussi partie du soin", selon le sociologue Jean Viard

Du 30 mai au 3 juin, Chicago accueille le plus grand congrès annuel et international consacré aux avancées sur le traitement du cancer. Avec 430 000 cas encore détectés en 2023, le cancer s'est invité dans nos vies.

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Fontaine
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les femmes. (TOM WERNER / DIGITAL VISION)
Le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les femmes. (TOM WERNER / DIGITAL VISION)

Le cancer est la première cause de mortalité prématurée en France, devant les maladies cardiovasculaires. Plus de 430 000 nouveaux cas ont été détectés en 2023, selon les derniers chiffres de l'Institut national du cancer. Néanmoins, la recherche avance. Du 30 mai au 3 juin, des milliers de chercheurs et médecins se retrouvent à Chicago pour le congrès annuel sur les avancées des traitements des cancers. 

franceinfo : Est-ce que le cancer a, selon vous, remplacé les peurs comme on a pu en avoir à l'époque pour la tuberculose ou le sida ?

Jean Viard : Il y a 20 millions de gens qui déclarent un cancer sur cette planète chaque année. C'est considérable, mais la bataille du cancer est lancée, ce congrès nous le montre, même si Donald Trump est en train de casser la dynamique avec sa guerre contre la science. C'est le congrès de l'avant Trump. En France, le nombre de cancers a doublé en 30 ans, d'abord parce qu'on vit plus longtemps, parce qu'on fait des diagnostics plus précoces et plus précis, notamment chez les jeunes. 

Nos modes de vie sont souvent pointés du doigt, mais le cancer peut toucher tout le monde. En revanche, quand il s'agit de prévention, de dépistage et de guérison, les chances ne sont pas les mêmes. Ça dit quoi de la société ?

Jean Viard : Ça dépend aussi des zones d'habitation. Il y a des territoires qui ont été extrêmement pollués où certains cancers se développent plus facilement. Assurément, il y a des facteurs aggravants, comme la pollution, le tabagisme. Les chances de guérison ne sont pas forcément les mêmes d'une classe sociale à l'autre. Si on fait du sport, si on mange plus de légumes, qu'on peut s'offrir de la nourriture de meilleure qualité, on a plus de chances d'échapper au cancer. 

Près de quatre millions de personnes vivent aujourd'hui en France avec un diagnostic de cancer. Le mot est de moins en moins tabou. Des personnalités publiques prennent la parole pour parler de leur maladie. Est-ce que vous y voyez une forme de libération de la parole ou une injonction à positiver coûte que coûte ?

Jean Viard : Il y a les deux. Ce n'est pas honteux d'avoir un cancer ni aucune autre maladie. C'est important d'en parler pour diminuer l'angoisse. Le patient, si on peut dire, est un combattant accompagné par les médecins. Il est important de pouvoir se dire que l'on va s'en sortir, que d'autres l'ont fait. À mon sens, cela fait aussi partie du soin.

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