Parcoursup : faut-il vraiment savoir ce qu’on veut faire de sa vie à 17 ans ?
À partir du lundi 2 juin, les lycéens pourront consulter les réponses à leurs vœux sur Parcoursup. Un moment souvent stressant, car derrière ces choix se cache une question importante : faut-il forcément décider son orientation à 17 ans ?
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La question de l'orientation peut sembler vertigineuse pour des individus qui, à cet âge-là sont encore en pleine construction.
Cette année, près de 980.000 candidats sont concernés par la procédure Parcoursup. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 3 lycéens sur 4 se disent hésitants, perdus, voire paniqués à l’idée de devoir choisir une orientation (enquête 2024). Ce passage obligé est devenu un moment de stress collectif.
Et non sans raison : se tromper dans ses choix peut entraîner un redoublement, un abandon ou une réorientation. Des scénarios qui peuvent effrayer mais qui sont pourtant assez fréquents.
Se tromper, c’est courant (et ce n’est pas grave)
Oui, se tromper d’orientation, c’est très courant.
Seulement 28% des étudiants obtiennent leur licence en 3 ans. Une grande partie abandonne ou change de filière en cours de route. À l’université, 60% des étudiants ne poursuivent pas en deuxième année dans la même filière.
Autrement dit, de très nombreux jeunes découvrent à 17 ou 18 ans que la voie initialement envisagée ne leur convient pas. Et fort heureusement, ce n’est ni rare ni dramatique. C’est même souvent en tâtonnant, en essayant, en testant, que l’on affine son projet professionnel.
À 17 ans, le doute est normal
Les spécialistes en psychologie de l’adolescence sont unanimes : à 17 ans, rien d’inquiétant à ne pas savoir précisément quel métier exercer.
Le psychologue Erik Erikson parle de "moratoire psychosocial" pour désigner cette période d’expérimentation avant l’engagement. L’adolescence, par définition, est un moment de doute, de recherche, d’exploration. L’orientation en fait pleinement partie.
Prenons un exemple concret : un élève de terminale techno. Il aime bien les sciences, mais pas trop les maths. Il hésite entre un BTS, une licence professionnelle, un projet à l’étranger. Il entend parler de "métiers d’avenir", mais tout ça lui semble flou. Ses parents veulent le rassurer, ses professeurs lui parlent de débouchés. Et lui ? Il cherche encore ce qu’il aime vraiment.
Le vrai danger : l’autocensure
Au fond, le plus grave, n’est pas de ne pas savoir… mais de ne pas oser.
Aujourd’hui, 58% des élèves de terminale disent ne pas postuler à certaines formations qu’ils jugent trop sélectives. On parle ici de filles dans les filières techniques, de jeunes de zones rurales, de lycéens sans réseau ou issus de milieux modestes. La question devient alors sociale. Parcoursup reflète aussi les inégalités structurelles de notre système éducatif.
L’an dernier, 94% des lycéens ont reçu au moins une proposition d’admission. C’est rassurant mais dans le détail, toutes les trajectoires ne se valent pas. Une étude de l’Insee montre que 69% des admis en classes prépas scientifiques sont issus de milieux favorisés, contre 46% dans l’ensemble des filières.
L’orientation, en France, reste donc très liée à l’origine sociale.
Et les parents dans tout ça ?
Oui, les parents ont un rôle à jouer, bien sûr. Même si l’orientation ne s'engage pas "dès la maternelle", comme l’avait maladroitement suggéré la ministre Élisabeth Borne, elle se construit au fil des années, dans un climat, un environnement, un imaginaire.
Les parents peuvent nourrir cet imaginaire en parlant de métiers peu connus, en lisant des livres sur des parcours inattendus, en montrant des chemins qui semblaient inaccessibles, en encourageant l’ouverture et la curiosité plutôt que la pression. Surtout, en rappelant que se tromper, c’est apprendre.
Le plus beau cadeau qu’un parent puisse faire ? Donner à son enfant la permission d’essayer, de se tromper sans que tout s’écroule. Parce que, non, ce n’est pas grave de ne pas savoir quoi faire à 17 ans. Ce qui l’est davantage, c’est quand une partie des jeunes n’ose pas se projeter aussi loin que les autres.
Comme le disait le médecin Jean Bernard : "La jeunesse est une belle chose, non parce qu'elle permet de faire des bêtises, mais parce qu'elle donne le temps de les réparer."
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