Éducation dans les établissements difficiles : comment accompagner les enseignants ?

Chaque printemps, le ministère de l’Éducation nationale publie ses évaluations annuelles. Certains établissements classés en REP (réseaux d’éducation prioritaire) ou REP+ (réseaux d’éducation prioritaire renforcée) parviennent à faire progresser leurs élèves au-delà des attentes, malgré des conditions souvent difficiles.

Article rédigé par franceinfo, Amélia Matar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
En 2021, la Patrouille de France a survolé un collège en zone REP+ qui accueille (en Côte d'Or) une classe défense et sécurité globale. (JC TARDIVON / MAXPPP)
En 2021, la Patrouille de France a survolé un collège en zone REP+ qui accueille (en Côte d'Or) une classe défense et sécurité globale. (JC TARDIVON / MAXPPP)

Les REP et REP+ sont des dispositifs mis en place pour compenser les inégalités scolaires, en ciblant des établissements situés dans des zones socialement défavorisées. Autrefois appelés ZEP, ils font face à des conditions d’enseignement plus complexes que la moyenne.

Des établissements face à de lourds défis

Le ministère de l'Éducation nationale utilise un indice social pour classer les établissements, en tenant compte de plusieurs facteurs qui influencent la réussite scolaire. Cet indice repose sur quatre critères principaux : la proportion d’élèves issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées, le pourcentage d’élèves boursiers, le nombre d’élèves vivant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) et le taux de redoublement avant l’entrée en sixième.

À la rentrée 2022, 1 élève sur 5 était scolarisé dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire. En CP, plus de la moitié des élèves en REP+ présentaient des difficultés de compréhension orale. Au collège, ils sont deux fois plus nombreux à être en grande difficulté en mathématiques que leurs camarades hors REP.

Former et accompagner les enseignants autrement

Malgré ces conditions, certains choisissent d’enseigner en REP. C’est le cas de Clarisse Olivier, ancienne élève de Sciences Po, qui a quitté le secteur du conseil pour devenir professeure en REP+.

Elle a intégré l’association Le Choix de l’école, qui accompagne des enseignants, souvent en reconversion, pour les aider à faire face à la réalité du terrain.

Le programme propose une formation, un soutien collectif entre pairs, et surtout, des visites de classe régulières. Un accompagnement rare dans le système éducatif actuel, où de nombreux professeurs débutants se retrouvent isolés.

Clarisse Olivier explique que sans ce soutien, elle ne se serait jamais sentie légitime pour enseigner. Pour elle, la force du collectif, l’échange entre pairs et les retours sur sa pratique ont été déterminants.

Une mission partagée avec les familles

L’éducation prioritaire ne repose pas uniquement sur les épaules des enseignants. Les parents jouent aussi un rôle essentiel, même s’ils sont souvent peu visibles dans les établissements.

Clarisse Olivier partage une anecdote remontant à la période du Covid. Lors d’un cours à distance sur Les Misérables, un parent lui confie, lors d’une réunion entre parents et professeurs : "Les Misérables, on a adoré."

Elle découvre alors que l’ordinateur familial était installé dans le salon, et que toute la famille avait suivi le cours. Une scène simple mais révélatrice : malgré les obstacles, le lien entre école et famille peut exister, dès lors qu’on laisse une place aux parents.

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