Laurent Duplomb, le "conservateur un peu réac" de l'agriculture française

Le sénateur LR de Haute-Loire a associé son nom à la "loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur". La pétition qui demande son abrogation

Article rédigé par franceinfo - Aude Soufi
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le sénateur Les Républicains de Haute-Loire, Laurent Duplomb, au Sénat, le 11 février 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)
Le sénateur Les Républicains de Haute-Loire, Laurent Duplomb, au Sénat, le 11 février 2025. (ALAIN JOCARD / AFP)

Quand il n’est pas avec ses 130 vaches sur son exploitation de Saint-Paulien, près du Puy-en-Velay, Laurent Duplomb est au Palais du Luxembourg, à Paris. Pour représenter les habitants de la Haute-Loire qui l'ont élu et réélu, mais surtout porter la voix des agriculteurs.  

Laurent Duplomb a souvent multiplié les casquettes. Président de la section locale des Jeunes Agriculteurs, affiliés à la FNSEA, le syndicat majoritaire du secteur, il dirige aussi le groupe laitier Sodiaal, première coopérative laitière de France, est membre du conseil de surveillance de la marque Candia puis se fait élire à la tête de la chambre d'agriculture de Haute‑Loire. C'est le début d’une carrière politique. Après avoir échoué aux législatives, il devient adjoint au maire de sa commune, puis maire et sénateur Les Républicains. C'est au sein du parti qu’il devient proche du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et chef des députés LR, Laurent Wauquiez. "J'ai un immense respect pour ce qu'il a porté, dit ce dernier de Laurent Duplomb, et je pense qu'il n'y en a pas beaucoup dans ce qu'est devenue la politique aujourd'hui qui auraient été capables d'y arriver. C'est une certaine vision de la France, de son équilibre entre les pétropoles et les territoires ruraux, de la reconnaissance de ceux qui travaillent, de mettre un coup d'arrêt aux normes folles avec lesquelles on est en train de tuer tous ceux qui entreprennent dans notre pays."

Mais tout le monde rural ne se reconnaît pas dans les combats qu'il porte ou dans la politique qu'il mène. Thomas Gibert, maraîcher et porte-parole national de la Confédération paysanne, estime que cette loi, "c'est donner la soupe à l'agro-industrie, c'est pousser à une agriculture toujours plus industrialiséeavec toujours plus d'agrandissements de fermes, et donc in fine à la disparition même de notre métier."

La pétition contre sa loi dépasse les deux millions de signatures

Si tout le monde connaît le nom de Laurent Duplomb, c'est à cause du texte législatif éponyme très décrié dont le nom officiel est : "Loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur". Le sénateur conservateur la présente comme une étape indispensable pour sauver l'agriculture française, notamment pour répondre à la concurrence étrangère. Mais en permettant l'agrandissement des bâtiments d'élevage, le développement des mégabassines et surtout la réintroduction de l'acétamipride, un néonicotinoïde, la loi Duplomb est vue par beaucoup comme un danger

La pétition qui réclame son abrogation la décrit comme "une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire". Pour le sénateur écologiste d'Ille-et-Vilaine Daniel Salmon, interrogé par TVR,  son collègue de droite ignore les données scientifiques : "Tout cela s'appuie sur une désinformation, sur une fabrique du doute. Aujourd'hui, les études indépendantes s'empilent et on en fait fi pour faire plutôt référence à quelques petites études financées par les producteurs de pesticides."

"Laurent Duplomb est adepte d'une forme de trumpisme à la française."

Daniel Salmon, sénateur écologiste

Volontiers provocateur, Laurent Duplomb se définit lui-même comme "un conservateur un peu réac" et multiplie les déclarations polémiques, comme il y a quelques jours lorsqu'il affirme que le changement climatique apporte chez lui plus d'avantages que d'inconvénients.

Son nom est aujourd'hui moins associé au texte lui-même qu'à l’énorme contestation populaire que le texte a suscitée. Laurent Duplomb, lui, estime que sa loi a été votée et doit être promulguée, même si un débat est ouvert à l'Assemblée à la rentrée.

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