"Je croyais que j'étais de gauche, pardi ! Et je me suis mariée..." : Carla Bruni, le soutien indéfectible de Nicolas Sarkozy

On l'a vue arracher la bonnette du micro de Mediapart en plein tribunal après la condamnation de son mari. Pourtant l’ex première dame n’a pas toujours été ni fan de lui, ni fan de la droite.

Article rédigé par Anne Lamotte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni lors d'un dîner à l'Élysée, le 5 juin 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni lors d'un dîner à l'Élysée, le 5 juin 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Dans une vidéo postée lundi 29 septembre sur les réseaux sociaux, Carla Bruni s'installe sur une chaise, sa guitare à la main. La caméra approche, on reconnaît la voix de Nicolas Sarkozy, c'est lui qui filme. Carla Bruni interprète alors Let it Be des Beatles, c'est-à-dire "laisse aller, laisse faire". Un message de soutien à son mari, qui vient d'être condamné à cinq ans de prison. Que de chemin parcouru par l'ex-artiste de gauche. Car au départ, Carla Bruni, issue de la grande bourgeoisie de Turin, est de gauche.

En 2007, elle est catégorique. À l'époque, la chanteuse folk, jean évasé et frange devant les yeux, a déjà sorti deux albums. La veille du second tour de l'élection présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy - qu'elle ne connaît pas - est en lice face à Ségolène Royal, un journal écossais l'interroge sur son choix. À ce moment-là, Carla Bruni est italienne, elle ne vote pas en France, mais elle donne son avis : "Je voterai pour la gauche. (...) Mes parents l'ont toujours fait. C'est comme une tradition. Je ne voterai jamais à droite".

"Cet homme de droite, pour rien au monde..."

Dans la foulée, Nicolas Sarkozy est élu. Carla Bruni qui a fui l'Italie avec sa famille dans les années 70 s'insurge contre la politique du gouvernement en matière d'immigration. Elle signe une pétition et participe à un grand meeting. Puis, elle reçoit un coup de fil du publicitaire Jacques Séguéla. Il l'invite à un dîner, il y aura un ami à lui, le chef de l'État, fraîchement divorcé. Il raconte dans Quelle Époque, sur France 2, qu'il essuie d'abord un refus catégorique de la chanteuse : "Cet homme de droite, pour rien au monde, je refuse même de lui serrer la main". Mais le publicitaire aurait alors insisté : "Tu te trompes parce qu'en 20 minutes, il te séduira."

Jacques Séguéla avait vu juste : ce soir-là, Carla Bruni ne se contente pas de serrer la main de l'homme de droite, elle tombe amoureuse de lui. Comme si cela avait été écrit. Sur France Inter, en 1993, alors qu'elle est l'un des plus grands top models du moment, âgée de 24 ans, elle déclare : "Je pense que les hommes de pouvoir séduisent tout le monde. Les femmes de pouvoir aussi". Puis elle ajoute : "Je pense que le pouvoir est une des choses les plus fortes sur cette terre. Je pense que tout le monde le pense et que personne ne le dit. Alors moi je me suis toujours traitée de garce parce que je me permets de dire que j'aime les gens qui ont du pouvoir."

"J'aime le pouvoir, je trouve ça génial, je trouve ça mieux que l'argent, je trouve ça mieux que le talent. Le pouvoir me fait frémir."

Carla Bruni, en 1993

sur France Inter

Quinze ans plus tard, en 2008, voilà donc que la mannequin, devenue chanteuse aux airs bohème, est mariée à un président de droite. Ça ne l'empêche pas la même année de sortir un nouvel album et de répondre aux questions d'Ali Rebeihi sur France Inter. Quand le journaliste lui demande si elle comprend les réactions hostiles de ceux qui considèrent qu'elle a changé de camp, elle qui est une femme de gauche, elle répond : "Je comprends absolument toutes les réactions et c'est en cela que je me sens une femme de gauche dans la liberté que j'accorde aux autres."

Les derniers "réflexes épidermiques de gauche"

Peu de temps après son mariage, la première dame se dit donc toujours de gauche. Elle explique même qu'elle a "des réflexes épidermiques de gauche". Elle apprend à vivre avec la politique et avec celui dont "les cinq ou six cerveaux", dit-elle, "l'impressionnent". "Je suis devenue politique pendant ces quatre cinq ans où lui était encore en politique, et avec un objectif exclusif : lui, se souvient-elle dans l'émission À voix nue sur France Culture. Donc je n'ai même pas connu la vraie politique où on réfléchit, on se dit 'tiens, cette personne dit quelque chose qui m'intéresse, mais je vais écouter ce que dit celle-là'. Moi, je n'écoutais que lui."

Finalement, il faut trois ans de mariage à Carla Bruni, la groupie, pour avouer, en 2011 : "Je ne me sens plus vraiment de gauche". Après encore quelques mois, et la mue est complète : elle n'est "plus du tout de gauche" mais "ultra-sarkozyste", déclare-t-elle. Conclusion : "Je croyais que j'étais de gauche pardi ! Et je me suis mariée...". Et depuis, gare à ceux qui osent attaquer son champion.

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