Usages numériques : l’Etat chiffre les effets négatifs des réseaux sociaux

Selon la Direction du Trésor, le temps que nous consacrons à Internet – et en particulier à la consultation des réseaux sociaux – aurait des effets négatifs sur l’économie nationale.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La Direction au Trésor pointe la perte de temps productif provoquée par le temps de navigation. (XAVIER LORENZO / MOMENT RF)
La Direction au Trésor pointe la perte de temps productif provoquée par le temps de navigation. (XAVIER LORENZO / MOMENT RF)

Une publication de septembre 2025 de la Direction générale du Trésor, au ministère de l’économie et des finances, met les pieds dans le plat et pointe le coût macroéconomique - donc au niveau de l’économie nationale – de ces services numériques qui fondent leur prospérité sur la captation de notre attention. Tels les réseaux sociaux qui enchaînent les vidéos avec des programmations qui combinent les publications pour nous inciter à rester connectés sur la durée.

Même si cela existe de longue date avec les programmes télévisés, les algorithmes ont démultiplié le profilage des utilisateurs pour leur soumettre des contenus spécialement agencés pour retenir l’intérêt de chacun d’eux.

Perte de temps et impacts psychologiques

La Direction générale du Trésor rappelle d’abord l’incontestable création de valeur née de la commercialisation des espaces publicitaires en ligne et des différents gains de productivité nés de l’adoption des outils numériques.

Mais elle signale aussi deux grandes familles d’effets nettement négatifs.

À commencer par la perte de temps réellement productif causée par le temps de navigation. Ainsi, selon Médiamétrie, un Français consultait en 2024 son smartphone en moyenne 20 fois par jour, pour des sessions de 11 minutes. Les 15-24 ans réalisent 24 sessions quotidiennes de 14 minutes en moyenne.

L’autre reproche est sans doute plus grave et concerne l’impact de cette consommation numérique sur les facultés cognitives ou la santé mentale des internautes et mobinautes.

Jusqu'à 2,3 points de PIB ?

La note de Bercy estime qu’à long terme, on parle de l’horizon 2060, la détérioration des capacités cognitives liée à cette économie de l’attention pourrait avoir un impact sur l’activité économique compris entre 1,4 et 2,3 points du Produit Intérieur Brut (PIB). Ce PIB étant l’indicateur de mesure de la richesse d’un pays. En chiffres, avec le PIB 2024 qui s’est élevé à 2917, 4 Md€, cela représenterait donc entre 40,8 et 76 Md€.

Évidemment ces données sont sujettes à discussion en ce qui concerne leur montant exact. Toutefois ces experts misent sur une détérioration des capacités cognitives des enfants, qui réduira leur productivité future lorsqu’ils entreront sur le marché de l’emploi. Le rapport évoque également les effets sur la qualité du sommeil et une plus forte prévalence des troubles psychologiques comme la dépression, l’anxiété et le stress chronique.

Il ne s’agit de rejeter en masse ces technologies de communication en temps réel mais bien d’en identifier les effets de bord qui concernent les plus jeunes, mais également la population générale.

Autant d’avertissements qui plaident pour une consommation maîtrisée et éclairée de ces outils, qui par ailleurs peuvent rendre bien des services.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.