La fréquentation des réseaux sociaux rend irritable, c’est la science qui le dit

Le temps passé sur les réseaux sociaux aurait un impact sur le niveau d'irritabilité des utilisateurs. C'est ce que documente une étude de l’Hôpital général du Massachussetts et de la Harvard Medical School conduite auprès de 43 000 personnes.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Plateformes de médias sociaux : Facebook, Instagram, YouTube, Pinterest, X, LinkedIn, Reddit, TikTok, (Getty Images / KENNETH CHEUNG / ISTOCK UNRELEASED)
Plateformes de médias sociaux : Facebook, Instagram, YouTube, Pinterest, X, LinkedIn, Reddit, TikTok, (Getty Images / KENNETH CHEUNG / ISTOCK UNRELEASED)

Dès lors que la consommation de réseaux sociaux devient une activité à part entière de nos journées, les universitaires s’intéressent à leur impact sur les utilisateurs.

Médiamétrie vient de publier les chiffres de la consommation de services numériques des Français en 2024 : c’est en moyenne 2h40 passées chaque jour sur Internet, avec 1h03 dédiée aux réseaux sociaux et messageries.

Des différences existent selon les générations :

  • Les 15-24 ans y consacrent 4h21, en progression de 23 % par rapport à 2019.
  • les 50-64 ans les consomment pendant 2h53, une hausse de 40 % par rapport aux chiffres de 2019.
  • les plus de 65 ans les utilisent 1h53 par jour, soit un bond de 82 % en comparaison avec les données de 2019.

Une consommation numérique qui joue sur le moral

Autant on trouve de nombreux sondages ou des études marketing à des fins commerciales sur la consommation des services numériques, mais les travaux émanant d’institutions académiques sont plus rares. D’où l’intérêt de l’étude publiée en janvier 2025 par l’Hôpital général du Massachussetts aux Etats-Unis et la Harvard Medical School. Ils ont analysé des déclarations collectées auprès de 42 000 utilisateurs de Facebook, Instagram, Twitter/X et TikTok entre novembre 2023 et janvier 2024. Il s’agit d’internautes et de mobinautes aux Etats-Unis dont 58 % sont des femmes et environ 40 % sont des hommes.

Les universitaires sont formels : la publication de messages plusieurs fois par jour, et cela quelle que soit la plateforme utilisée, suscite un sentiment très élevé d’irritabilité. Ici, ce sont les abonnés à TikTok qui sont plus particulièrement énervés par leur activité numérique.

Dans leur bibliographie, les chercheurs reprennent une étude clinique publiée en 2020 dans la vénérable American Economic Review qui établissait a contrario qu’un emploi discontinu de Facebook était de nature à avoir un effet positif sur le moral des personnes étudiées.

La politique en tête des sujets irritants

Sans surprise, les scientifiques constatent que la production ou la consommation d’informations de nature politique sont en tête des sujets les plus irritants. Même si les auteurs prennent soin de mentionner le caractère perfectible de leurs modalités d’examen et la nécessité de continuer à creuser le sujet.

En 2021, un rapport de l’Université de Yale publié dans la revue « Nature » soulignait déjà que l’utilisation des réseaux sociaux est de nature à nous encourager à exprimer de plus en plus d’indignation morale. Outre la facilité et l’immédiateté de la publication sur les réseaux sociaux, cela tiendrait au fait que les manifestations de colère en ligne obtiennent plus de « J’aime » que les autres interactions sociales. De quoi encourager et stimuler les prises de position très virulentes.

Des sessions de consultation qui se multiplient dans la journée

Il est intéressant de connaître les conditions de consommation de ces services numériques. Ainsi, selon les données 2024 de Médiamétrie, le nombre moyen de sessions internet réalisées sur un smartphone est continu tout au long de la journée : soit 20 sessions de 11 minutes en moyenne chaque jour. Et cela grimpe jusqu’à 24 sessions de 14 minutes en moyenne pour les 15-24 ans. Ce qui illustre le caractère addictif de ces pratiques, d’autant qu’il n’existe guère d’autres activités qui requièrent une telle disponibilité physique et mentale de notre part.

Des jeunes générations plutôt heureuses

L’appréciation du bonheur, même à l’ère numérique, reste une démarche très personnelle. Il est donc toujours délicat d’établir des généralités dans ce domaine. Néanmoins, l’INSEE conduit en France depuis 2010 une grande enquête nationale en demandant à nos compatriotes d’évaluer sur une échelle de 1 à 10 leur satisfaction dans la vie qu’ils mènent. Dans la dernière livraison de ce baromètre, publiée ce 19 février 2025, la note nationale fournie par les personnes de plus de 16 ans est de 7,2. Ce qui est dans la moyenne européenne qui s’élève à 7,3. Mais fait notable, les jeunes adultes – âgés de 16 à 29 ans – se déclarent « heureux » à 76 % et accordent une note de 7,6 sur 10 à leur existence.

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