Jumeau numérique : avec l'IA la CIA souhaite anticiper les comportements des gouvernants étrangers

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L'agence de renseignement étasunienne confie à l'intelligence artificielle le profilage de chefs d'Etat et de gouvernements en activité afin de reconstituer leur mode de pensée. Pour aider ses analystes à connaître leurs futures décisions.

Nicolas Arpagian

Radio France

Publié le 01/02/2025 16:22

Temps de lecture : 2min

Quand les ordinateurs tentent de reconstituer les comportements des dirigeants de la planète (ILLUSTRATION). (EUROPA PRESS / GETTY IMAGES)

La clé, et aussi la difficulté, des métiers du renseignement est de collecter des informations mais aussi et surtout de pouvoir les ordonner afin d’en tirer des enseignements utiles. C’est le travail des analystes qui accumulent des masses de données de toutes sortes : déclarations publiques, statistiques, annonces économiques, nouveautés technologiques, biographies de personnalités et autres télégrammes diplomatiques. Avec toujours en perspective de mieux comprendre l’agencement du monde, les forces en présence et surtout chercher à anticiper les évènements et les décisions prises par les partenaires ou les adversaires.

Des jumeaux numériques au service des espions

Julian E. Barnes, le spécialiste des questions de renseignement du New-York Times vient de révéler que depuis deux ans, la CIA s’était dotée d’un assistant virtuel destiné à simuler les manières de penser de chefs d’Etat et de gouvernements étrangers. Leur jumeau numérique respectif a été alimenté par l’ensemble des prises de parole, des publications officielles et certainement des informations confidentielles dont dispose la plus connue des agences de renseignement des Etats-Unis.

L’idée est que les analystes et les agents déployés sur le terrain puissent facilement interroger ces assistants virtuels (chatbots) pour que ceux-ci puissent discuter avec des clones numériques de présidents ou de premiers ministres.

Reconstituer le mode de pensée

Il s'agit de prédire les comportements et les prises de position des hommes politiques ciblés. Cela illustre un usage opérationnel de l’intelligence artificielle générative : mettre en forme un grand volume d’informations complexes pour les structurer de manière à adopter un modèle de pensée, qui sera ici celui de la personnalité incarnée par ce jumeau numérique.

Cette modélisation tend à rapprocher le mode de raisonnement de ces algorithmes du cerveau humain, qui a ses caractéristiques propres et se trouve altéré par le tempérament et le vécu de chacun. Il s’agit de travailler des modes d’analyse prédictive qui intègrent donc toutes les dimensions de profils psychologiques déterminés.

On évoque ici le profilage de ministres ou de gouvernants. Mais il y a fort à parier que ces modélisations auront tendance à se généraliser, voire à concerner un jour le grand public. Reste à identifier les usages, et les mésusages, qui pourront être faits de services de doubles numériques proposés à terme à Monsieur ou Madame Tout le Monde.