Enseignement supérieur : l’IA et l’ordinateur cherchent leur place

Préparation des examens, correction des copies, travaux d'étudiants... le recours à l'intelligence artificielle s'invite dans le quotidien des enseignants. Tandis que la prise de notes manuscrites redevient d'actualité au nom de l'efficacité pédagogique.

Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Enseignants et étudiants face à l'utilisation de l'intelligence artificielle. (SORBETTO / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)
Enseignants et étudiants face à l'utilisation de l'intelligence artificielle. (SORBETTO / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Avec l’arrivée des services d’IA grand public, les élèves et étudiants n’ont pas tardé à s’approprier ces outils. C'est également le cas des enseignants.

Les professeurs du primaire, du secondaire et du supérieur ont désormais accès aux IA génératives pour élaborer des plans, des illustrations voire des sujets d’examens. Une question se pose néanmoins sur le recours aux algorithmes pour procéder à l’évaluation et à la notation des copies.

À ce sujet, une équipe du PiLab, laboratoire d'innovation pédagogique de l’Edhec Business School – une école de commerce française – a publié des travaux de recherche visant à comparer des corrections assistées par l’IA et des corrections humaines. Il s’agit tant de soulager le corps professoral d’une tâche chronophage que d’apprendre de manière concrète le maniement maîtrisé de solutions d’intelligence artificielle dans le cadre académique.

Des algorithmes qui apprennent

Après des premiers tests à petite échelle, les chercheurs ont procédé au printemps 2024 à des évaluations en temps réels sur des véritables copies. Les universitaires avaient spécifié leurs règles de correction et leur barème de notation à l’IA. Les notes et commentaires générés automatiquement étaient revus par l’enseignant pour validation. Ce qui relativisait le gain de temps effectif en raison de ce travail complet de relecture et du nombre restreint d’étudiants concernés par un même sujet d’examen.

Au-delà des performances techniques des algorithmes, cela pose la question de l’impact organisationnel : que faire du temps dégagé par une future possible prise en charge de tout ou partie des corrections de copies ? Faut-il consacrer plus d’heures à l’enseignement ? Ou permettre une individualisation accrue des commentaires et des appréciations destinés aux étudiants ? Libérer des journées aux professeurs pour conduire leurs recherches ?

Des étudiants guère enthousiastes

Le sujet ne laisse pas indifférent les premiers concernés, les étudiants. Alors qu’ils admettent largement avoir recours aux modèles d’IA générative pour faire leurs recherches ou préparer leurs cours ou exposés, ils déclarent – selon les publications de l’Edhec Business School – ne "pas être enthousiastes" à l’idée de cette mécanisation de leur notation.

Évidemment, au-delà de la note elle-même, l’IA peut également être utilisée pour rédiger le sujet d’examen, établir la grille de notation ou comparer les copies afin d’harmoniser les appréciations de l’ensemble d’une classe.

La main l'emporte sur le clavier

Une réflexion est en cours à ce propos dans de nombreux établissements, où l'on s’interroge sur les performances de l’apprentissage selon que l’on prend des notes manuscrites ou avec un ordinateur.

Une étude de 2024 de l’Université de sciences et technologie de Norvège démontre les bienfaits de l’écriture au stylo sur la capacité d’assimilation neuronale des connaissances (contrairement à la frappe sur un clavier). Ces conclusions scientifiques ont, par exemple, conduit l’Université de Poitiers à demander à ses étudiants de Master I en Intelligence économique de privilégier désormais la prise de notes manuscrites. Avec à la clé, selon les enseignants, une qualité d’écoute nettement améliorée.

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