Les enseignants agressés par les élèves et leurs parents
Gifle, coups, le nombre d'enseignants victime de violence augmente. Des agressions perpétrées par des élèves mais aussi parfois par les parents d'élèves. Des agressions qui restent, somme toute, encore rares mais comment en sommes-nous arrivés là ? Et comment tenter d'apaiser ces tensions ?
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Il y a deux semaines, près de Poitiers, une enseignante a reçu un coup de pied dans le ventre asséné par une mère de famille sous les yeux
des élèves. Motif: elle n'avait visiblement pas apprécié une
remarque notée dans le carnet de correspondance de son enfant.
Pour Anne-Laure Gannac, de Psychologies Magazin e, les cas
d'agressions physiques d'enseignants par les parents ne sont ni plus ni moins
que de la délinquance. Au plan légal, mais aussi plus symbolique, puisqu'il
s'agit de coups portés à une incarnation de l'autorité. Autrement dit, d'une
figure censée faire respecter la loi, avec un grand L. Mais ce qui est terrible
c'est que ces coups sont portés par une figure d'autorité, elle-même : le
parent. Donc imaginez l'impact sur les enfants qui attistent à cela.
Les enfants interrogés après ce type d'agression sont-ils choqués ?
C'est un choc : un choc entre deux figures d'autorité.
Laquelle respecter, laquelle croire ? La plus forte, celle qui
gagne. On en revient à un système de hiérarchie sauvage, animale, où
c'est celui qui a le coup de griffes ou le cri le plus impressionnant qui gagne
l'admiration de tous. Or, c'est justement cette croyance archaïque que l'éducation
des enfants a pour but d'éradiquer. Dès la petite enfance, au bébé enclin à
mordre, à taper pour imposer sa loi, on lui apprend que ce n'est pas comme cela
que ça fonctionne.
Des adultes qui agressent des enseignants, est-ce que cela
encourage la violence des élèves ?
La violence s'en trouve légitimée. L'élève a le droit de
donner libre cours à ses pulsions agressives. Mais là, où l'on voit bien que ce
qui est au cœur du problème c'est ce rapport à l'autorité devenue plus que
défaillant, c'est que dans la majorité des cas, ces agressions partent d'une
remarque faite par le prof à un élève qui n'écoute pas et perturbe la classe,
ou bien d'une sanction. Autrement dit d'autant de façon de rappeler à l'ordre.
Ce n'est plus supporté.
L'autorité est-elle remise en question ?
De manière générale, c'est évidemment ce long processus
sociétal d'émancipation, où, peu à peu, nous avons fait descendre de leur piédestal
les figures d'autorité. Mais où, aussi, celles-ci ne se sont pas toujours
montrées à la hauteur du respect qu'elles devaient inspirer. Et c'est
l'individualisme roi qui invite à se sentir seul maître chez soi et pour les
siens. Et puis, au cas par cas, on retrouve cela dans des familles qui n'ont
pas eu d'autorité à la maison. Ou alors elle passait par l'agression physique
ou verbale. Et ça, ce n'est pas de l'autorité, c'est de la violence.
A côté de ces cas d'agressions, il y a aussi tous les
désaccords récurrents avec les enseignants. Et cela, au fond, tout parent peut le vivre, au moins une
fois dans la scolarité de son enfant.
Est-ce que cela ne fait pas partie de cette relation
enseignant-parents d'élèves ?
Ces désaccords sont sans doute aussi vieux que Jules Ferry.
Quand l'école est devenue obligatoire, imaginez la réaction des parents paysans
ou autres qui comptaient sur leur progéniture pour les aider. Comment cette
Institution pouvait elle se permettre de leur dire ce qu'ils devaient faire de
leurs enfants ? En fait, la question c'est celle des territoires
éducatifs. Qui apprend quoi aux enfants ? Qu'est-ce qui relève de
l'éducation parentale, qu'est-ce qui relève de l'éducation par l'Institution
scolaire ? On l'a vu avec le débat autour du retour de la morale à
l'école : l'école est-elle là pour apprendre les valeurs morales à nos
enfants ? Derrière cela, il y a sans doute une peur de voir ses enfants
manipulés, de s'en voir comme dépossédés. Ce qui est faire bien peu confiance à
la capacité des enfants à faire le tri et la différence.
Au cœur de ses relations difficiles avec les enseignants, il
y a d'abord la difficulté des parents à lâcher un peu les enfants.
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