"Une guerre a un impact sur une organisation comme la nôtre", souligne le président de la foire internationale de l'art

"Une guerre a un impact sur une organisation comme la nôtre", souligne Hidde Van Seggelen, président de la foire internationale de l'art (Tefaf), qui se tiendra à Maastricht, aux Pays-Bas, du 15 au 20 mars. Une prestigieuse foire d'art ouverte au public et dont les œuvres sont mises en vente. Hidde Van Seggelen explique que la géopolitique a un impact concret sur le marché de l'art.

Par exemple, quand la guerre en Ukraine a été déclenchée, certains de leurs experts n'ont pas pu se déplacer jusqu'à eux, impactant leur organisation. "Je peux imaginer qu'elle a un impact sur de nombreuses institutions culturelles en Russie, mais aussi en Europe ou dans le reste du monde, mais l'impact culturel d'une telle chose est que nous devons chercher une différente approche, une connaissance différente", ajoute-t-il. Il prend ensuite l'exemple du Brexit : "Le Brexit a eu un impact sur la vie et le travail de nombreux artistes, notamment dans les domaines de la musique et du théâtre, le fait que les jeunes artistes aient du mal à voyager et à exposer leurs œuvres d'art a un impact".

franceinfo : Les mouvements géopolitiques ont-ils une conséquence sur le marché de l'art ?

Hidde Van Seggelen : C'est très intéressant. Nous sommes une fondation et nous avons invité le musée de l'Ermitage dans les années 90 pour une exposition. Au total, nous avions environ 50 peintures et sculptures à la foire. C'était très intéressant parce que cela nous a fait connaître, auprès d'un public plus large. C'était un succès à l'époque, c'est ainsi qu'a commencé la foire, le résultat a été que nous avons doublé le nombre de visiteurs. Et depuis lors, nous avons noué des relations incroyables avec les musées. Et cela s'est poursuivi, même aujourd'hui, cette édition de la foire aura une exposition incroyable d’un musée d’Italie, Capo di Monté. Pour mettre en place la foire, nous avons un système de Contrôle de qualité des œuvres d'art.  

Vous appelez cela le "vetting". On peut exposer ce que l'on veut chez vous, en réservant sa place si on est marchand d'art. On peut exposer ce que l'on veut, mais attention, vous avez des experts qui viennent tout contrôler, vous les appelez des curateurs et qui, peuvent refuser qu’une œuvre soit exposée pour de multiples raisons.  

Vous avez mis le doigt sur l'essentiel, nous fermons la foire, et pendant deux jours, ces experts viennent et ils vérifient l'authenticité. Nous avons plus de 200 experts, de manière indépendante, loin du marché, loin de tous les aspects commerciaux, mais c’est absolument essentiel pour que les objets soient présentés à la foire. Et puis je reviens à l'Ermitage, quand la guerre en Ukraine a été déclenchée, les experts de l'Ermitage.

Ces experts ne pouvaient plus voyager jusqu'à nous parce que les frontières étaient fermées, et quel ne fut pas l'impact ? Il nous manque une sorte d'expertise, il nous manque ces connaissances, avec un tel événement, une horrible guerre, elle a un impact sur une organisation comme la nôtre. Je peux imaginer qu'il a un impact sur de nombreuses institutions culturelles en Russie, mais aussi en Europe ou dans le reste du monde. L'impact culturel d'une telle chose est que nous devons chercher une différente approche, une connaissance différente. 

Un autre exemple, le Brexit, a-t-il eu un impact sur le marché de l'art ? 

Je le crois, le Brexit a eu un impact sur la vie et les œuvres de nombreux artistes. Le Brexit a eu un impact sur la vie et le travail de nombreux artistes, notamment dans les domaines de la musique et du théâtre. Le fait que les jeunes artistes aient du mal à voyager et à exposer leurs œuvres d'art a un impact.  

L'arrivée de Donald Trump, a-t-elle bousculé le marché de l'art ?

Nous nous demandons tous ce qui va se passer, constamment, chaque jour. Les Américains sont encore responsables de plus de 40% du commerce mondial de l'art, ils sont d'incroyables collectionneurs. C'est donc important, mais si cela aura un impact, nous ne le savons pas encore. 

La Tefaf ouverte au public du 15 au 20 mars prochain à Maastricht, 270 exposants. À travers les œuvres d'art que l'on pourra admirer, un peu de géopolitique quand même ? 

Bien sûr, il y a des questions sur les positions géopolitiques qui ne disparaîtront pas. Ce que la foire apporte, nous avons un échange culturel complet. Tous les experts qui viennent à la Tefaf viennent d’institutions pour collaborer. Ces collaborations sont la clé de notre succès, et tous les directeurs de musées du monde entier se réunissent et se rencontrent. Il ne s'agit pas seulement d'acheter de l'art, mais c'est aussi pour se rencontrer, échanger des savoir-faire, et c'est quelque chose que nous chérissons. Lorsque vous venez à la foire, vous pouvez traverser 7 000 ans d'œuvres d'art.