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Podcast
Mazan, un procès pour l'Histoire (5/5) : les zones d’ombre qui subsistent
Dans ce cinquième épisode, Mathilde Lemaire revient sur les nombreuses zones d'ombre qui persistent, malgré les aveux partiels de Dominique Pelicot et sa prétendue "transparence totale", notamment concernant le nombre exact de violeurs, les accusations de viol sur sa fille Caroline et des soupçons d'incestes sur ses petits-enfants.
Au procès des viols de Mazan, 51 personnes ont été jugées, mais les hommes invités par Dominique Pelicot et qui ont violé sa femme étaient bien plus nombreux. C'est ce qu'ont découvert les enquêteurs de la police judiciaire qui ont exploité tous les supports informatiques de Dominique Pelicot. "Ils ont identifié 72 hommes impliqués, soit parce qu'ils apparaissaient dans les échanges Skype, soit parce qu'on les voit dans les vidéos tournées", explique Mathilde Lemaire, journaliste au service police-justice de franceinfo, et productrice du podcast. Mais certains "n'ont pas pu être identifiés et ils sont toujours dans la nature."
L'enquête, qui a duré trois ans, laisse des questions sans réponses. "Les techniques de la police ont leurs limites." La juge d'instruction a reconnu que dans ce dossier "on aurait pu enquêter 10 ans ." L'enquête a aussi révélé que Dominique Pelicot était en contact avec d'autres hommes qui droguaient leurs femmes pour les violer. Des parquets ont été saisis dans plusieurs régions de France à ce sujet.
Des viols et de l'inceste
Dominique Pelicot a dit à un de ses coaccusés qu'il lui arrivait de faire violer sa femme sur des aires d'autoroute par des chauffeurs routiers, explique Mathilde Lemaire. Des photographies de Gisèle Pelicot, nue dans leur voiture, droguée, violée, ont été retrouvées. Selon Dominique Pelicot, cela ne s'est produit qu'une seule fois et que cela était un fantasme personnel. "Dominique Pelicot a l'art de reconnaître les faits seulement quand il a devant lui des preuves irréfutables", explique Mathilde Lemaire, et donc ces viols restent sans réelles explications.
L'affaire a également mis en lumière le statut de "grande oubliée" (aucun prélèvement ADN n'a été fait) de Caroline Darian, la fille de Pelicot, dont des photos dénudées ont été retrouvées. Elle est persuadée qu'elle a été victime des agissements de son père, "mais il n'y a pas de preuves tangibles", déclare Mathilde Lemaire, tout en expliquant que Dominique Pelicot a "beaucoup varié quand la cour lui a demandé de s''expliquer" sur la photo de sa fille.
Des soupçons d'inceste sur ses petits-enfants ont émergé, bien qu'ils n'aient pas été abordés lors du procès. Une tante a entendu Dominique Pelicot demander à son petit-fils s'il voulait "jouer au docteur" avec lui, et que deux petites-filles ont rapporté qu'il leur avait demandé de "soulever leurs jupes". Des faits qu'a nié Dominique Pelicot, mais des plaintes ont été déposées et c'est au procureur de la République de décider s'il donne suite ou non.
Un passé criminel
L'affaire Mazan a permis de découvrir des éléments du passé de Dominique Pelicot. En 2020, il avait été arrêté pour avoir filmé sous les jupes des clients dans un supermarché. En 2010, il avait déjà été surpris pour des faits similaires. Son ADN, prélevé à cette époque, a "matché" avec celui d'une affaire de tentative de viol en 1999, précise Mathilde Lemaire.
Il est aussi mis en examen dans une affaire de meurtre non élucidée en 1991, en raison des similitudes de son mode opératoire.
Pour les viols de sa femme, Dominique Pelicot ne fera pas appel de sa condamnation à 20 ans de prison, ce qui signifie qu'il ne sera pas rejugé, mais entendu comme témoin lors du procès en appel des autres accusés.
"Mazan, un procès pour l'Histoire", un podcast franceinfo produit par Mathilde Lemaire, avec Pauline Pennanec'h, réalisé par Marie Plaçais. Prises de son : Jordan Fuentes, Sélim Gheribi. Mixage : Raphaël Rasson. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify ou Deezer.
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