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Mazan, un procès pour l'Histoire (4/5) : Un procès qui déborde de la salle d’audience

Le procès des viols de Mazan a suscité une forte mobilisation populaire et médiatique. Ce quatrième épisode explore la manière dont cela a remis en question la perception du viol, du consentement, poussant à une réflexion sur les relations hommes-femmes et l'éducation à la sexualité. Bien plus qu'un procès, c'est devenu un sujet de société.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les très nombreux journalistes couvrant le procès des viols de Mazan, à l'arrivée de Gisèle Pelicot (à droite) le 19 décembre 2024 au ribunal d'Avignon (Vaucluse) (SYLVAIN THOMAS / AFP)
Les très nombreux journalistes couvrant le procès des viols de Mazan, à l'arrivée de Gisèle Pelicot (à droite) le 19 décembre 2024 au ribunal d'Avignon (Vaucluse) (SYLVAIN THOMAS / AFP)

Le procès des viols de Mazan a eu un impact retentissant bien au-delà de la salle d'audience, suscitant des conversations animées dans divers contextes, des discussions entre amis aux échanges à la machine à café. Mathilde Lemaire, journaliste au service police-justice de franceinfo, raconte l'écho particulier de cette affaire, soulignant qu'il est rare qu'une audience qu'elle suit "interpelle autant les gens qui l'entourent". Elle explique que, bien que l'affaire soit "sordide" et "d'une ampleur hors norme", elle a provoqué une réflexion collective sur "l'intimité ordinaire" et "le parcours sexuel de chacun". Le procès a mis en lumière des zones grises du consentement et la réalité de la soumission chimique, révélant qu'elle se produit souvent dans le cercle proche des victimes et non pas seulement par des inconnus.

Ce procès a suscité des réactions diverses, bousculant les consciences et les mentalités. Selon Mathilde Lemaire, "beaucoup d'hommes aussi ont reconnu que ce procès les avait bousculés". Le procès a remis en question des mythes persistants sur le viol et les victimes. Le procès a également fait évoluer le niveau de connaissance de la société sur la soumission chimique et les violences conjugales. Toutefois, l'impact politique reste limité, malgré une prise de conscience collective, les politiques n'ayant pas, selon Mathilde Lemaire, profité du procès des viols de Mazan pour se positionner ou faire des propositions.

Un retentissement mondial

L'onde de choc du procès a dépassé les frontières françaises, attirant l'attention de nombreux médias internationaux qui ont suivi les audiences avec assiduité. "Le premier jour, on était 30 journalistes accrédités, à la fin on était 180 médias, dont 86 étrangers", raconte Mathilde Lemaire. "La violence conjugale, elle n'épargne aucun territoire et la figure de Gisèle Pelicot a clairement aussi fait que ça a parlé à tant de monde, hors de l'hexagone aussi".

Les Espagnols étaient très présents lors de ce procès. C'est un pays en avance sur les questions féministes, où une affaire similaire en 2016 avait déjà créé un déclic. Une jeune femme de 18 ans, ivre, rencontre un groupe de 5 jeunes hommes, au bout de 15 minutes, ils la violent, lui volent son téléphone et la laisse à moitié nue dans l'entrée d'un immeuble. Ils s'étaient vantés sur un groupe WhatsApp. Les juges ont estimé qu'il n'y avait pas eu de violences, mais il y a eu de grandes réactions en Espagne et la Cour suprême les a condamnés à 15 ans de prison.

Le procès de Mazan a également permis de démocratiser le terme de "culture du viol", que l'on entend désormais dans les médias et qui désigne une société qui banalise et justifie les agressions sexuelles.


"Mazan, un procès pour l'Histoire", un podcast franceinfo produit par Mathilde Lemaire, avec Pauline Pennanec'h, réalisé par Marie Plaçais. Prises de son :  Jordan Fuentes, Sélim Gheribi. Mixage : Raphaël Rasson. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify ou Deezer.

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