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"HLM Pussy" : MeToo arrive en banlieue

Les experts cinéma Thierry Fiorile et Matteu Maestracci Le samedi à 6h20, 7h51, 11h50, 15h21

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "HLM Pussy" de Nora El Hourch et "La Salle des profs" de İlker Çatak.

Thierry Fiorile, Matteu Maestracci

Radio France

Publié le 09/03/2024 09:35

Temps de lecture : 2min

"HLM Pussy" de Nora El Hourch. (PANAME DISTRIBUTION)

HLM Pussy, premier film de Nora El Hourch, c'est pêle-mêle une comédie d'une énergie indéniable, un drame, un film social, un film d'amitié, mais aussi un projet très autobiographique que Nora El Hourch, 36 ans, aura mis neuf ans à sortir, celle qui a écrit et réalisé le film, a elle-même subi une agression sexuelle dans sa jeunesse.

Soit l'histoire de trois lycéennes inséparables : Amina, Zineb et Djénéba, scolarisées dans un quartier populaire, et qui chaque jour ou presque subissent le sexisme des garçons de leur âge. Jusqu'au jour où un certain Zack embrasse de force l'une d'elles, Zineb, dans une salle de bains, et pour le piéger, Amina filme la scène pour la propager sur les réseaux sociaux, ce qui déclenche une réaction en chaîne, fracture leur amitié, sur les questions de réputation et de consentement, mais leur vaut aussi, entre autres, des menaces.

La Salle des profs de İlker Çatak

Un huis clos oppressant et jubilatoire à la fois, dans un établissement bien sous tous rapports, inclusif, tolérant. Une série de vols en salle des profs pousse la direction du collège à un acte impensable aujourd'hui : demander à tous les élèves d'une classe d'ouvrir leurs portefeuilles, ce qui scandalise leur prof, Carla, qui pensant bien faire, mène sa propre enquête, se heurte à ses collègues et, d'erreur en erreur va déclencher une crise profonde.

Comme dans une société miniature, chacun s'enferme dans son jugement, les élèves, les profs, les parents, İlker Çatak a la bonne idée de ne pas filer tout droit vers le carnage – il n'est pas Ruben Östlund – et nous offre un film acide et puissant, un huis clos qui exacerbe l'isolement de son personnage principal.

Les réseaux sociaux, le racisme ordinaire, la cancel culture, le politiquement correct, tout le monde en prend pour son grade, et on rit de ces comportements a priori bienveillants. Vu de France, c'est drôle d'observer ces Allemands qui prétendent avoir la formule magique pour régler tous les conflits, mais le propos est universel, et la mise en scène remarquable.