"Chroniques d'Haïfa", récit politique et délicat d'un destin familial palestinien

Dans "Les Experts Cinéma" cette semaine, Matteu Maestracci évoque les films "Chroniques de Haïfa" de Scandar Copti et "Fils de" de Carlos Abascal Peiró.

Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
"Chroniques d'Haïfa" du réalisateur palestinien Scandar Copti. (NOUR FILMS)
"Chroniques d'Haïfa" du réalisateur palestinien Scandar Copti. (NOUR FILMS)

Dans Chroniques d'Haïfa, on rencontre une famille de la bourgeoisie palestinienne qui vit en Israël, à Haïfa. Cette ville du nord-est de l'État hébreu a longtemps été présentée comme un modèle du "vivre ensemble" entre Juifs et Palestiniens. Mais les trajectoires des 5 membres de cette famille présentent une réalité forcément plus complexe.

"Chroniques d'Haïfa" de Scandar Copti

Le père, assureur, est au bord de la banqueroute, la mère, obsédée par les apparences et le statut social des siens, va bientôt marier sa fille aînée, la cadette Fifi a des choses à cacher et rêve de s'émanciper du patriarcat et du regard des autres. Enfin, pour ne rien arranger, le frère Rami ne veut pas que sa petite amie, Juive, garde l'enfant qu'elle porte.

Une famille coincée, donc, entre ses secrets intimes et ce qu'elle veut renvoyer à l'extérieur, et un personnage de mère de famille qui reproduit le pire des injonctions patriarcales. Tourné en 2022, soit avant les actualités meurtrières du 7 octobre et du siège de Gaza, ce film pudique et élégant n'en reste pas moins politique, dans une société où un rien peut provoquer un embrasement entre communautés. Porté par de formidables acteurs non-professionnels, c'est même un des plus beaux films de cette rentrée.

"Fils de" réalisé par Carlos Abascal Peiró

Voilà un film qui imagine une situation où la France est dans une impasse politique, avec personne qui ne veut se risquer à occuper le poste trop exposé et dangereux de Premier Ministre (ça vous rappelle quelque chose ?).

Ancien correspondant en France pour des médias espagnols, Carlos Abascal Peiro décide de taper fort et de présenter les coulisses peu reluisantes de la politique comme un milieu sans foi ni loi, où tous les coups sont permis et où il importe d'anticiper le moment suivant. On retrouve dans le rôle principal, celui de Nino, jeune attaché parlementaire, Jean Chevalier, de la Comédie Française, qui doit convaincre son père, François Cluzet, retiré de la politique, d'accepter Matignon.

Avec également Karin Viard et Alex Lutz au casting, Fils de est un joyeux bazar parfois épuisant mais qui tente quelque chose d'indéniablement original, dans une forme à la fois moderne et old school, et n'hésite pas à tailler un beau costard à la politique française et ses rapports parfois incestueux avec les médias.

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