Le boom des galeries BD

Il y a 30 ans, les planches originales de
BD ne valaient rien. Les anciens ont l'habitude de rappeler que dans les
imprimeries, on marchait sur les originaux de Franquin. Les dessinateurs
dessinaient pour faire des illustrés, pas des œuvres d'art.

Quand a-t-on
commencé à s'intéresser aux originaux ?

Il
y a plus ou moins une vingtaine d'années. Les premiers à vendre des originaux
de BD ont souvent été les libraires. Il
y avait une arrière salle ou un espace à l'étage pour accrocher les planches. Aujourd'hui,
la BD a gagné ses lettres de noblesse : expositions, musée, et un marché
conséquent pour les planches.

Avec de vraies
galeries, comme les Galeries de peinture ou d'art contemporain ?

Rien qu'à Paris, il m'a été donné de fréquenter la galerie Oblique, la galerie
Daniel Maghen, la galerie du 9ème art, la galerie Barbier et Mathon,
la galerie Martel, la galerie petits papiers, la galerie Champaka, la galerie Napoléon, la galerie Arludik, la galerie des arts
graphiques, la galerie Slomka... La liste n'est pas exhaustive.

Qu'est-ce qui
explique ce boom ?

D'abord,
les connaisseurs savent reconnaître les grands auteurs, les dessinateurs à forte
personnalité. Ensuite, il y a l'envie chez les lecteurs à fort pouvoir d'achat d'accrocher
dans leur salon leurs images préférées. Voire leurs souvenirs d'enfance. Enfin,
pour certains auteurs, ce marché est devenu une source de revenus non
négligeables. Exemple: Il y a quelques jours la galerie Daniel
Maghen présentait les planches, fort belles, d'un bon auteur
malgré tout peu connu : Prugne... Chiffre d'affaires de la vente des
planches originales, le soir du vernissage : 100.000€.

Quand
Daniel Maghen a ouvert sa première galerie, il y a 17 ans,
une planche du dessinateur André Juillard valait 6.000 francs... un peu moins de
1.000 €. Aujourd'hui, elle vaut 12.000 €.

Ça veut vraiment
dire qu'il y a une clientèle...

Les
fans qui ont de l'argent se font plaisir et... capitalisent. On vient de voir que
certaines planches ont vu leur prix multiplié par dix en une quinzaine
d'années. D'autant que certains auteurs se font rares. Avant l'été, Tardi a
exposé à la galerie Oblique. C'était exceptionnel. Aujourd'hui, le plus cher,
c'est Bilal. Au point que les prix ne sont pas toujours publics.

Est-ce que chaque galerie a sa famille d'auteurs ?

Ça marche comme ça, même si on n'hésite pas à séduire les auteurs
du voisin. En l'espace de quelques mois, le suisse Cosey a exposé chez Maghen, Champaka et Barbier et Mathon (à partir du 3 octobre 2013). Cette expo-vente de Cosey enchaîne avec celle de ZEP qui fêtait en septembre chez Barbier et Mathon la sortie de sa nouvelle BD: "Une histoire d'hommes ". Les
planches, cette fois, n'étaient pas à vendre. Sinon, pour du ZEP, comptez
autour de 25.000€ la planche.

Avec de tels
tarifs, on comprend que les galeries BD se multiplient.

Au
point que les Belges viennent s'installer à Paris. Récemment, la galerie
Champaka de Bruxelles a ouvert un lieu dans le quartier Beaubourg, et Petits
papiers s'est installée non loin du Louvre. L'actualité, c'est, demain jeudi, l'inauguration de la nouvelle galerie Glénat,
lancée dans le 3ème arrondissement de la capitale par Jacques Glénat.

Dans
la galerie Glénat, on découvrira d'abord les planches d'Elric , l'adaptation de
la saga de Moorcock. Ce sont des images très impressionnantes. Suivront les
œuvres de Druillet, immenses, autour de 8 à 15 000 € la planche, puis François
Boucq et des originaux de mangas.

C'est un marché
international, les planches de BD ?

Oui,
mais c'est en France et en Belgique, semble-t-il, que les côtes sont les plus
élevées.

Galerie Champaka

Galerie Oblique

Galerie Daniel Maghen

Galerie Barbier et Mathon

Galerie Martel

Galerie Glénat

Galerie du 9ème art

Galerie Slomka

Galerie Arludik

Galerie Petits Papiers

Galerie des Arts Graphiques