:
Vrai ou faux
Vote de confiance : la chute de François Bayrou coûterait-elle 12 milliards d'euros à la France ?
La députée Ensemble pour la République Prisca Thévenot affirme que le départ de François Bayrou si la confiance ne lui était pas votée serait une "catastrophe" économique dans le contexte actuel.
Le gouvernement de François Bayrou pourrait tomber le 8 septembre prochain. Le Premier ministre a appelé les députés à un vote de confiance qu'il a mathématiquement peu de chances d'obtenir, sauf accord de dernière minute avec un parti de gauche ou d'extrême droite. La perspective de sa chute inquiète dans le camp présidentiel.
La députée Ensemble pour la République, ancienne ministre et porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot a affirmé sur X que "la censure du gouvernement Barnier a coûté 12 milliards d'euros [et que] la chute du gouvernement Bayrou coûterait autant : une catastrophe dans le contexte", alors que "la France est au bord du surendettement", selon le Premier ministre. Vrai ou faux ?
Une estimation discutable et sortie de son contexte
En réalité, il est impossible de savoir, ni même d'estimer, si la chute éventuelle du gouvernement de François Bayrou coûtera 12 milliards d'euros. Contactée par franceinfo, Prisca Thévenot explique qu'elle a repris telle quelle une estimation réalisée en début d'année par le gouvernement pour mesurer l'impact de la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre 2024.
Or, ça ne tient pas. Non seulement cette estimation ne peut pas s'appliquer au contexte actuel – autre période, autre budget, autre Premier ministre – et le gouvernement n'a pas, à ce jour, fait d'estimation du coût du départ de François Bayrou, mais en plus l'estimation réalisée en début d'année était très discutable, comme franceinfo avait pu l'expliquer ici et là.
Pour affirmer que la censure de Michel Barnier avait coûté 12 milliards d'euros, le gouvernement avait additionné deux éléments. D'une part, il a estimé que, puisque le budget 2025 n'avait pas été voté, certaines mesures économiques n'avaient pas pu être appliquées et que cela avait coûté six milliards d'euros au budget de l'État en 2025. Ce chiffre n'est pas applicable tel quel au contexte actuel, car François Bayrou défend le budget de l'année 2026, qui n'est pas le même que celui que défendait Michel Barnier. Autrement dit, on ne sait pas quel serait l'impact de la non-application des mesures d'économies du budget 2026.
D'autre part, le gouvernement avait estimé que l'incertitude politique, en rendant les investisseurs et les consommateurs plus frileux, avait ralenti la croissance de six milliards d'euros. Soit 6 milliards + 6 milliards = 12 milliards.
La censure de Michel Barnier aurait plutôt coûté trois milliards d'euros au PIB
Le calcul du gouvernement était très questionnable. D'abord parce qu'il additionne six milliards d'euros de perte pour le budget de l'État et six milliards d'euros de perte pour le PIB, mais ces deux chiffres ne parlent pas de la même chose et ne peuvent donc pas se cumuler.
Par ailleurs, pour estimer le coût de la censure de Michel Barnier, le gouvernement avait un peu tordu les chiffres. Il s'appuyait notamment sur des rapports de la Banque de France et de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui estimait que l'incertitude politique risquait de faire perdre 0,2% de PIB en 2025, soit près de six milliards d'euros.
Or, ces études ne parlaient pas de la censure de Michel Barnier. Elles portaient toutes les deux sur les effets de l'incertitude politique liée à la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juillet 2024, et non à la chute du Premier ministre qui a eu lieu cinq mois plus tard. Ainsi, selon ces études, c'est la décision du président de la République qui a fait perdre six milliards d'euros de richesse nationale.
Depuis, l'OFCE a publié une nouvelle estimation de l'impact de ces deux événements politiques, à la fois la dissolution et la censure, et a conclu qu'ils avaient coûté 0,3% du PIB français en 2025, soit près de neuf milliards d'euros. Par soustraction, la censure de Michel Barnier a donc creusé le PIB de trois milliards d'euros de plus, dans un contexte de forte incertitude politique.
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