Vrai ou faux
L'intelligence artificielle rend encore plus crédibles les arnaques au président

Cette arnaque qui existe depuis une quinzaine d'années est amplifiée par l'IA.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Illustration d'une arnaque au téléphone. (LISA MARCELJA / MAXPPP)
Illustration d'une arnaque au téléphone. (LISA MARCELJA / MAXPPP)

Cette arnaque au président est une méthode bien rodée. Elle consiste à contacter, souvent par courriel, l'un des comptable d'une entreprise en usurpant l'identité du patron, qui demande a faire de toute urgence un virement bancaire. L'employé, alors sous pression, s'exécute et envoie une somme importante sans savoir que c'est sur un compte à l'étranger.

Cette arnaque au président, qui existe depuis plus d'une quinzaine d'années, est désormais bien connue des services de police. En France, il y a eu plus de 600 affaires de ce type en 2023 avec presque 50 millions d'euros détournés. Ca fait un préjudice moyen de 75 000 euros.  

Avec l'arrivée de l'IA, l'arnaque au président est passée à un niveau supérieur 

Jusqu'à maintenant, ces fraudes passaient souvent par courriel, mais désormais avec l'intelligence artificielle, c'est encore plus crédible par téléphone. Il est devenu très facile de cloner la voix d'une personne. Il suffit d'avoir un enregistrement audio. Le salarié victime peut alors facilement croire qu'il est vraiment en ligne avec son patron.

Il y a d'ailleurs déjà eu quelques cas récents. Par exemple en Italie, en début d'année, c'est la voix du ministre de la Défense qui a été clonée. Plusieurs industriels ont été contactés par ce faux ministre pour leur demander de l'argent. L'un d'entre eux est tombé dans le panneau et a fait un virement d'un million d'euros.    

Avec l'IA, cette arnaque au président va encore plus loin, elle peut même se faire en visio. C'est arrivé à un salarié d'une entreprise à Hong Kong. Il a été invité à une visioconférence où il a été, sans le savoir, le seul humain à participer. Le directeur financier et les autres responsables de l'entreprise étaient en fait des deepfakes, des images truquées. Mais le salarié y a cru et a fait un virement de plus de 20 millions d'euros.    

Des moyens de contrer assez simples

Se protéger complètement des arnaques au président est difficile, surtout avec une voix clonée, quasi impossible à détecter à l'oreille. Mais le ministère de l'Économie émet quand même plusieurs recommandations pour les entreprises. Premièrement, en sensibilisant les salariés à cette menace.

 C'est d'ailleurs souvent eux qui peuvent déjouer les arnaques au président en posant, par exemple, une question très précise ou personnelle, à laquelle l'intelligence artificielle ne pourra pas inventer de réponse. Ou alors en recontactant la personne qui vient d'appeler, pour s'assurer que c'était bien elle au bout du fil. 

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