Vrai ou faux
"Boomers traps", escroquerie... Quand l'intelligence artificielle est utilisée pour des arnaques aux sentiments

D'après les chiffres obtenus par franceinfo, près de 9 000 plaintes ont été déposées en France depuis trois ans.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
De prime abord inoffensives, de fausses images, créées avec de l'intelligence artificielle, pullulent sur les réseaux sociaux dans le but de piéger des personnes sensibles et leur extorquer des sous. (CAPTURE D'ECRAN)
De prime abord inoffensives, de fausses images, créées avec de l'intelligence artificielle, pullulent sur les réseaux sociaux dans le but de piéger des personnes sensibles et leur extorquer des sous. (CAPTURE D'ECRAN)

Cela commence souvent par des images anodines sur les réseaux sociaux mais qui cherchent à émouvoir : ça peut être une photo touchante d'un enfant à côté d'un joli dessin ou une jeune femme, souvent dans un décor bucolique, qui dit se sentir seule. Ces images, fausses, créées avec de l'intelligence artificielle, semblent inoffensives et pourtant, ce sont ce qu'on appelle "des boomers traps", des pièges à "boomers", c'est-à-dire des personnes qui n'ont pas tous les codes d'internet et qui peuvent plus facilement se faire avoir.

Ces images sont comme un hameçon : si beaucoup d'internautes voient tout de suite qu'elles sont fausses, d'autres tombent dans le panneau et vont commenter l'image, ce qui revient en quelque sorte à se mettre une cible dans le dos. Parce que la personne qui a publié la fausse photo cherche justement à identifier dans les commentaires des internautes, considérés comme plus naïfs et donc plus vulnérables.

Le "piège" se referme après un "like" ou un commentaire

Une fois qu'une personne a commenté, que se passe-t-il ? Elle risque de recevoir rapidement une demande d'ami qui émane en fait d'un "brouteur". C'est le surnom donné à ces escrocs, souvent originaires d'Afrique de l'Ouest francophone. Au fil des discussions, le brouteur va jouer sur les sentiments pour essayer d'amadouer sa victime avec un seul but : lui soutirer de l'argent.

Il peut utiliser des outils d'intelligence artificielle, par exemple, créer une fausse voix féminine ou masculine pour passer des appels et rendre la relation crédible. Cette pratique se répand tellement que Meta, la maison mère de Facebook et d'Instagram, a lancé une alerte il y a quelques mois sur l'usage de l'IA pour les arnaques aux sentiments.  

Un phénomène sous-estimé

Ce type d'escroquerie arrive régulièrement. Vous vous souvenez peut-être de l'affaire du faux Brad Pitt, dont la victime avait donné plus de 800 000 euros à un brouteur qui se faisait passer pour l'acteur américain. Et elle est loin d'être la seule à s'être faire avoir. Près de 9 000 plaintes ont été déposées en France depuis trois ans d'après les chiffres communiqués par la police. Ce phénomène est même probablement sous-estimé, parce que, selon les autorités, une partie des victimes n'osent pas aller porter plainte.  

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