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Vrai ou faux
95% des territoires français sont-ils couverts par au moins un médecin libéral d'astreinte, les soirs et les week-ends ?
Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal s'est dit "prêt" à restaurer l'obligation des gardes pour les médecins libéraux. Pour la présidente du syndicat MG France ce n'est pas nécessaire "95% du territoire est couvert" par la" permanence des soins" les soirs et week-ends. C'est vrai, mais pas si on regarde la nuit entière.
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Face au manque de médecin par endroits, le Premier ministre brandi la menace de l'obligation de gardes. Lors de son discours de politique général, Gabriel Attal s'est dit "prêt à aller plus loin, en restaurant des obligations de gardes pour les médecins libéraux, en soirée ou le week-end, dans leurs cabinets, à l'hôpital ou en maisons de santé". Pour la présidente du syndicat des généralistes MG France, Agnès Giannotti, ce n'est pas nécessaire : pour "la permanence des soins de soirs et de week-end, qu'il faut bien évidemment assurer collectivement, 95% du territoire est couvert donc il n'y a pas de difficulté", a-t-elle assuré mercredi 31 janvier sur franceinfo. Vrai ou faux ?
Une différence entre la soirée et la nuit
C'est vrai mais la présidente de MG France est incomplète, elle ne parle que des soirs, jusqu'à minuit, des week-ends et des jours fériés. Dans ces cas-là, en effet, 95% des territoires français sont couverts par au moins un médecin d'astreinte, selon les résultats de l'enquête de l'ordre national des médecins, sur l'année 2022. Cela signifie qu'en dehors des horaires d'ouverture des cabinets médicaux, une permanence des soins est assurée. Si vous rencontrez un problème de santé, vous pouvez appeler le 15, ou directement le cabinet d'astreinte, et être pris en charge par un médecin libéral, ou vous rendre au cabinet ou au centre médical ouvert, le médecin peut aussi se déplacer jusqu'à vous.
Quelque 38 départements considérés comme des zones blanches
En revanche, pour le reste de la nuit, de minuit à 8 heures du matin, la permanence des soins n'est assurée que dans 24% des territoires français, toujours selon l'enquête de l'Ordre national des médecins. Dans quasiment tous les départements français, il y a des zones blanches en pleine nuit. Les pompiers et le SAMU doivent donc prendre en charge tous les appels. Quelque 38 départements sont même entièrement considérés comme des zones blanches. Entre minuit et 8 heures, aucun secteur du département n'est couvert par un médecin d'astreinte. L'Aveyron, la Dordogne, l'Orne ou le Pas-de-Calais sont par exemple sur la liste.
Pour expliquer cette faible couverture en pleine nuit, les auteurs de l'enquête avancent deux arguments : la faible activité à ces horaires et sur ces secteurs et la difficulté à mobiliser des médecins libéraux volontaires sur ces créneaux. Les agences régionales de santé peuvent décider que le nombre d'actes réalisés en pleine nuit est trop faible pour mobiliser un médecin de garde, elles ont donc choisi par endroits de supprimer les gardes de nuits des médecins libéraux.
Difficulté à mobiliser des médecins volontaires
Il est difficile de mobiliser suffisamment de médecins d'astreinte parce que par endroits il n'y a pas assez de médecins tout court, dans les déserts médicaux. Par ailleurs, les généralistes se disent épuisés par la cadence de travail en cabinet, ils ne peuvent pas enchaîner avec des astreintes de nuit. D'autres considèrent que les gardes ne sont pas suffisamment rémunérées, elles sont payées 180 euros les 12 heures. Aujourd'hui, 38% des médecins libéraux participent à la permanence des soins, en assurant en moyenne 29 gardes par an.
Les gardes ne sont plus obligatoires en France depuis 2002, après une longue grève des médecins libéraux. Depuis, le sujet revient régulièrement sur la table, pour pallier le manque de médecins, assurer la permanence des soins et désengorger les urgences. Le 19 mai 2023, la loi pour "l'amélioration de l'accès aux soins" a ainsi introduit "un principe de responsabilité collective des professionnels de santé à la permanence des soins, tant en établissement de santé qu'en ville".
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