The Velvet Sundown, le succès fulgurant d'un groupe de musique généré par IA

C'est une musique qu'on a l'impression d'avoir déjà entendu et qui fleure bon l'été et les longs voyages en voiture. Un groupe de rock indé, empruntant aux sixties et aux seventies, avec ses riffs de guitare et un chanteur à la voix légèrement éraillée. The Velvet Sundown a cumulé près d'un million et demi d'auditeurs en seulement un mois sur la plateforme d'écoute de musique Spotify. Le groupe est apparu seulement au début du mois de juin.

"Pas tout à fait humain, pas tout à fait machine"

Mais plusieurs choses ont mis la puce à l'oreille à des internautes et à des connaisseurs. Les photos du groupe sont générées par IA, avec quelques incohérences. Ni le chanteur ni les musiciens n'ont de compte sur les réseaux sociaux, même le groupe n'en avait pas pendant un temps. Et le groupe a surtout un rythme effréné de création : le 14 juillet, The Velvet Sundown a sorti son 3e album en seulement un mois. Si bien que les soupçons augmentaient ces dernières semaines. Des internautes et bloggeurs ont commencé se demander si les morceaux du Velvet Sundown n'étaient pas, eux aussi, les fruits d'une intelligence artificielle.

Le groupe a fini par mettre les choses au clair le 5 juillet sur ses réseaux sociaux et dans sa biographie sur Spotify. En résumé : oui, sa musique a été inventée par IA. The Velvet Sundown se décrit comme "pas tout à fait humain, pas tout à fait machine". Il se situe, dit-il, "quelque part au milieu". Mais en vérité, si la tête pensante est humaine puisqu'il faut bien un être humain pour prompter, tout le reste, aussi bien la composition, le chant, les supports visuels ont été créés par des outils intelligence artificielle, utilisés, selon le groupe, comme s'il s'agissait d'instruments. C'est, dit The Velvet Sundown, une "provocation artistique destinée à questionner les limites de la création, de l'identité et le futur de la musique à l'ère de l'IA".

20% de musique générée par IA sur les plateformes

Sauf que cette provocation peut avoir des conséquences économiques et un impact sur l'industrie de la musique. En avril dernier, le concurrent de Spotify, Deezer, affirmait que près de 20% de ses contenus avaient été générés par IA. Le problème est que, si toute cette musique générée à moindre frais tend à remplacer les morceaux créés par des êtres humains, cela risque de faire perdre de la visibilité et des auditeurs théoriques à des personnes qui ont appris à jouer d'un instrument, à chanter, à composer, à écrire des paroles, des personnes qui essaient de vivre de leur musique et qui, pour cela, ont besoin d'argent. En perdant cette visibilité, elles ont donc aussi un réel manque-à-gagner. Une étude commandée par la Confédération internationale des sociétés d'auteurs estime que les artistes et compositeurs pourraient perdre jusqu’à 24% de leurs revenus d’ici 2028, soit 4 milliards d’euros par an, à cause de l'essor des intelligences artificielles génératives.

Sollicité par l'AFP, Spotify a récusé toute volonté de laisser prospérer ces morceaux générés par IA pour ne pas avoir à reverser de droits d'auteurs. "Nous ne privilégions ou ne bénéficions pas financièrement de la musique créée par des outils d'IA", a déclaré une porte-parole. "Tous les morceaux sont créés, détenus et mis en ligne par des tierces parties autorisées". À TF1, Spotify a aussi assuré qu'il n'était pas lui-même derrière la création du groupe The Velvet Sundown et a assuré reverser "la même chose aux ayants droits, que la musique soit générée par IA, faite avec un ordinateur, un synthétiseur ou un orchestre symphonique".