Quand Grok, l'IA de X, se met à parler de "génocide des blancs" en Afrique du Sud

Pendant toute une journée, l'IA de X a véhiculé la théorie complotiste d'un prétendu "génocide des blancs" en Afrique du Sud. Le réseau social déplore une "modification non-autorisée".

Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Grok, la nouvelle intelligence artificielle d'Elon Musk. (JAAP ARRIENS / NURPHOTO)
Grok, la nouvelle intelligence artificielle d'Elon Musk. (JAAP ARRIENS / NURPHOTO)

Quelque chose de bizarre s'est passé sur le réseau social X la semaine dernière. Mercredi 14 mai 2025, Grok, petit nom de l'IA de X, s'est mis à parler, constamment, d'un prétendu "génocide des blancs" qui aurait lieu en ce moment en Afrique du Sud, et ce même quand les internautes lui posaient des questions sur tout autre chose, comme le streaming, le baseball ou le catch. Plusieurs internautes anglo-saxons l'ont relevé, ainsi que plusieurs médias, tels Numerama, le Guardian, CNN ou encore Wired.

Grok relaie une théorie du complot

L'idée qu'un "génocide des blancs" aurait lieu en Afrique du Sud est une théorie conspirationniste bien connue, qui circule depuis plusieurs dizaines d'année chez les suprémacistes blancs. Selon eux, les fermiers blancs du pays seraient tués en masse et en raison de leur couleur de peau. Cette théorie est une inversion assez classique de l'Histoire, dans laquelle les descendants des bourreaux – les colons qui ont instauré l'apartheid en Afrique du Sud il y a plusieurs décennies, niant les droits des Noirs – deviennent les victimes.

La théorie a commencé à conquérir la scène politique internationale à la fin des années 2010, au point que des blancs d'Afrique du Sud ont obtenu récemment le statut de réfugiés aux États-Unis. Pourtant, aucun fait ne la confirme, explique le Guardian. Le gouvernement sud-africain assure que, si ces fermiers sont parfois attaqués dans leurs fermes, aucune statistique ne permet de dire qu'ils sont plus agressés que d'autres communautés ni qu'il y a une surmortalité des fermiers blancs, dans un pays où les victimes d'attaques et de meurtres sont nombreuses, quelle que soit leur couleur de peau, ajoute AP.

Dès le lendemain, Grok a cessé d'en parler autant.

Elon Musk a déjà relayé cette fausse information

xAI, qui gère l'intelligence artificielle, a expliqué que Grok avait reçu une "modification non-autorisée" et qui allait à l'encontre des valeurs de l'entreprise. xAI a ajouté qu'une enquête interne avait été diligentée, sans en donner de détail. Mais Grok, lui, est allé un peu plus loin dans ses explications. Il a affirmé avoir reçu des "instructions" de la part de ses "créateurs" pour parler de ce prétendu génocide. Tous les yeux se sont alors tournés vers Elon Musk.

S'il ne nous est pas possible de prouver qu'Elon Musk a directement fait cette modification ou non, notons que le créateur de l'IA et propriétaire du réseau social X, descend des colons Afrikaners et qu'il a, lui aussi, partagé plusieurs fois de fausses informations sur ce faux génocide, notamment le 13 mai 2025, la veille de la "modification non-autorisée" de Grok.

Cet enchaînement de publications de tweets pose question, alors qu'Elon Musk est déjà visé par des enquêtes sur de possibles manipulations de l'algorithme de son réseau social. L'utilisation de Grok pour véhiculer de la désinformation pose également question alors que de plus en plus de personnes font confiance aux IA pour s'informer.

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