Pourquoi on ne peut pas dire que 20% des passages aux urgences sont inappropriés
Le taux est régulièrement mis en avant lorsque la situation dans les hôpitaux est évoquée : 20% des passages aux urgences seraient inappropriés. La méthodologie comme la façon d'aborder le sujet sont controversées.
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"20% des passages aux urgences le sont pour de mauvaises raisons, ils seront évités [ grâce un numéro unique d'accès aux soins ]", annonçait en octobre dernier Agnès Buzyn, la ministre de la Santé.
Dans son rapport public annuel, en février dernier, la Cour des comptes estimait en effet possible de considérer que 20% des patients actuels des urgences hospitalières ne devraient pas fréquenter ces structures. Or la méthodologie utilisée, comme la notion de passage inapproprié aux urgences, sont problématiques. Voici pourquoi.
Parce que le concept de visites inappropriées est évalué a posteriori
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes relève elle-même que l'estimation du nombre de ces passages évitables reste sujette à controverse.
Cette estimation est fondée sur ce qu'on appelle la "classification clinique des malades aux urgences". Cette évaluation est menée par le médecin des urgences après examen clinique et bilan des fonctions vitales du patient, a posteriori donc.
Dans une note de bas de page de son rapport, la Cour des comptes précisait elle-même qu'une partie des patients qui se présentait aux urgences était susceptible de présenter, avant d'être examinés, des symptômes qui pouvaient laisser craindre une affection nécessitant des actes ou des examens complémentaires. La classification utilisée ne permet pas de distinguer, en amont, les passages aux urgences médicalement justifiés de ceux qui ne le seraient pas.
Parce que des critères affinés débouchent sur un taux plus faible
Une étude française récente, parue le 30 octobre dernier dans la revue British Medical Journal Quality & Safety, a utilisé, analysé et croisé trois paramètres distincts pour tenter de définir le caractère approprié de la visite aux urgences.
Cette étude a porté sur un échantillon de 29 407 patients adultes en France. Ont cette fois été pris en compte le degré d'adéquation du recours aux urgences, évalué par l'urgentiste, sur une échelle de 0 à 10, mais aussi le fait de savoir si la demande de soins aurait pu être prise en charge par un médecin généraliste le jour même ou le lendemain. Ont également été étudiées les ressources utilisées à l'hôpital au cours du passage aux urgences.
En utilisant chacune des méthodes d'évaluation, les chercheurs sont arrivés à des taux de passage inappropriés aux urgences de 13,5 à 27,4%. En croisant les trois critères, le taux de recours inapproprié aux urgences n'était plus que de 6%.
Parce que pour certains chercheurs, la notion est à repenser du point de vue des patients
Au-delà des chiffres, l'étude invite à prendre en compte la façon dont le patient ressent l'urgence et à en identifier les raisons. Elle met également en exergue le manque d'alternative pour répondre à certaines demandes. Autre réflexion suggérée : le fait que les personnes concernées sont souvent vulnérables sur le plan social et économique, n'ayant pas de complémentaire santé ou bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire.
Or, une étude récente publiée par le Défenseur des droits a démontré que certains médecins spécialistes refusent l’accès au système de soins aux bénéficiaires des dispositifs garantissant un accès aux soins pour les plus démunis. Ces patients se retrouvent parfois, de fait, contraints d'aller aux urgences.
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