Perquisitions au RN : le Syndicat de la magistrature a-t-il appelé à lutter contre le parti "par tous les moyens" ?
Plusieurs représentants du Rassemblement national ont dénoncé les perquisitions au siège parisien du parti, accusant le Syndicat de la magistrature – de gauche – d'être à la manœuvre.
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Au lendemain d'une perquisition au siège parisien du Rassemblement national, dans le cadre d'une enquête pour financement illicite des campagnes électorales de 2022 et 2024, l'un des porte-parole du RN a dénoncé un "combat viscéral" mené par "certains magistrats" contre son parti.
"L'année dernière, en 2024, le Syndicat de la magistrature - un tiers des magistrats - a fait un communiqué dans lequel il dit très clairement - et j'invite les téléspectateurs et les auditeurs à aller le chercher - il faut tout faire pour faire barrage au RN par tous moyens possibles, a affirmé Thomas Ménagé dans le 8h30 de franceinfo. Quand on est magistrat, les moyens qu'a un magistrat, ce ne sont pas seulement les moyens de l'électeur, ce sont aussi les moyens de la justice." Vrai ou Faux ?
Le Syndicat de la magistrature opposé au RN, mais pas "par tous les moyens"
Le Vrai ou Faux a retrouvé le communiqué en question, comme Thomas Ménagé a invité à le faire et il se trouve que non, le Syndicat de la magistrature n'a pas écrit qu'il fallait "tout faire pour faire barrage au RN par tous moyens possibles", bien qu'il se soit en effet engagé contre le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Avant toute chose, il faut préciser que ce communiqué a été publié dans un certain contexte politique, le 11 juin 2024, au surlendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale, alors que le RN était arrivé en tête des élections européennes.
Le syndicat y explique que, selon lui, "les risques pour l'effectivité de l'État de droit se multiplient chaque fois que le Rassemblement national et ses affidés sont sur le point d'élargir encore leur assise au sein des pouvoirs législatif et exécutif". Il estime que les magistrats sont concernés "au premier chef" par la montée de l'extrême droite et "l'installation [de ses] matrices idéologiques (…) autoritaires, sécuritaires, discriminatoires, xénophobes, racistes", car cela impactera leur travail.
À ce titre, "le Syndicat de la magistrature appelle l'ensemble des magistrates et magistrats, ainsi que toutes celles et ceux qui participent à l'activité judiciaire, à se mobiliser contre l'accession au pouvoir de l'extrême droite". Dans le paragraphe suivant, le syndicat dit qu'il participera aux "manifestations" et aux "mouvements collectifs d'union et de résistance" qui seront organisés les jours suivants dans toute la France. Il parle donc de s'opposer au RN dans la rue et dans les urnes, sans parler de "tous moyens possibles", encore moins de moyens judiciaires.
Notons par ailleurs que, dans l'exercice de leur profession, les magistrats sont tenus à l'impartialité et à un devoir de réserve, comme le dit l'ordonnance de 1958 relative au statut de la magistrature.
Un magistrat sur neuf au Syndicat de la magistrature
Ce n'est ni la première ni la dernière fois que le Rassemblement national conteste la légitimité d'une décision ou d'un acte de justice en affirmant que le Syndicat de la magistrature se cache derrière. C'était déjà le cas en avril 2025, quand Marine Le Pen a été condamnée à cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire en première instance dans l'affaire des assistants parlementaires européens du FN. Elle a fait appel. C'était même déjà le cas, dès 2017, quand Marine Le Pen s'était vue notifier sa mise en examen.
Le Syndicat de la magistrature, revendiqué à gauche, est l'ennemi judiciaire tout trouvé du parti d'extrême droite, notamment depuis qu'il a été impliqué dans l'affaire du "mur des cons". Quitte à surestimer son poids parmi les magistrats. Thomas Ménagé a estimé qu'il représentait un magistrat sur trois, or ce n'est pas vrai. Le porte-parole du RN confond plusieurs chiffres.
Il estime que, puisque le Syndicat de la magistrature a recueilli 33,3% des suffrages lors des élections du Conseil supérieur de la magistrature fin 2022 – qui sont faites par des grands électeurs et non par un scrutin direct – il représente un tiers des magistrats. Mais ces élections ne sont pas la même chose que le nombre d'adhérents.
Selon Laurent Willemez, professeur de sociologie à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et co-auteur d'une Sociologie de la magistrature, interviewé par Public Sénat, seule la moitié des 9 500 magistrats sont syndiqués et, parmi eux, environ 1 000 sont au Syndicat de la magistrature. Ainsi, ce syndicat représente plutôt un magistrat sur neuf ou sur dix. Il est loin derrière l'Union syndicale des magistrats et ses 2 500 adhérents. Le syndicat majoritaire chez les magistrats est donc un syndicat apolitique.
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