Vrai ou faux
Les médias étrangers peuvent-ils en toute autonomie couvrir la guerre à Gaza ?

Interrogé sur RMC, Hen Feder, le porte-parole de l'ambassade israélienne en France, assure que des journalistes étrangers entrent bien à Gaza, avec l'armée israélienne. Peuvent-ils y travailler en toute indépendance ? Franceinfo fait le point.

Article rédigé par Angélique Bouin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Depuis le 7 octobre 2023, aucun journaliste étranger n’a pu accéder librement à la bande de Gaza (photo d'illustration). (MICHAEL BUNEL / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Depuis le 7 octobre 2023, aucun journaliste étranger n’a pu accéder librement à la bande de Gaza (photo d'illustration). (MICHAEL BUNEL / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023, certains journalistes ont bien pu se rendre dans la bande de Gaza. Mais leur accès reste très limité, ils sont triés sur le volet et étroitement encadrés par l’armée israélienne. Il ne s’agit pas d’un accès libre. 

Les reporters autorisés à pénétrer dans Gaza l’ont fait dans le cadre de visites de presse, à bord de véhicules militaires. Ces visites permettent à l’armée de montrer des zones précises, comme les tunnels du Hamas. Les soldats autorisés à répondre aux journalistes sont préalablement sélectionnés. Les images tournées peuvent être soumises à une censure. Le correspondant de Radio France à Jérusalem, Thibault Lefèvre, a pu participer à deux de ces incursions depuis octobre 2023. Il rapporte qu’il est impossible d’échanger avec des habitants gazaouis dans ce cadre. Une seule journaliste occidentale, Clarissa Ward (CNN), est parvenue à entrer brièvement à Gaza en dehors de ces convois militaires, en s'infiltrant avec une équipe médicale émiratie.

Une pratique encadrée, mais pas inédite

Ce dispositif d’"embedding" n’est pas nouveau. Il avait déjà été utilisé, par exemple, par l’armée américaine lors de l’invasion de l’Irak en 2003. Plusieurs centaines de journalistes avaient alors été embarqués, leurs déplacements et leurs reportages étant également contrôlés.

Mais la situation actuelle diffère sur un point crucial : lors des conflits précédents, des journalistes pouvaient aussi entrer de façon autonome dans les zones de guerre. Les rédactions ne s'en privaient pas, en envoyant, malgré les risques mais au nom de la liberté d'informer, des journalistes aguerris. Ce n’est pas possible à Gaza.

Un blocus total pour la presse étrangère

Depuis le 7 octobre 2023, aucun journaliste étranger n’a pu accéder librement à la bande de Gaza. L’enclave est totalement bouclée. Un collectif de 130 médias et organisations de défense de la liberté de la presse a dénoncé en juin dernier une situation "sans précédent dans l’histoire contemporaine des conflits armés". Plusieurs recours ont par ailleurs été déposés devant la Cour suprême israélienne, sans succès à ce jour.

L’essentiel des images, récits et témoignages qui parviennent aujourd’hui de Gaza provient de journalistes palestiniens sur place, rigoureusement sélectionnés par les rédactions internationales. Ces informations sont croisées avec des témoignages recueillis par les ONG présentes à Gaza et des contenus (photos, vidéos) publiés sur les réseaux sociaux, authentifiés par les cellules de vérification des médias.

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