Vrai ou faux
Les avions de chasse américains F35 sont-ils vraiment contrôlables à distance par les États-Unis ?

De nombreux hommes et femmes politiques de tout bord affirment que les avions de chasse américains, achetés par des pays européens comme l'Allemagne, la Pologne ou l'Italie, sont contrôlables à distance par les États-Unis. C'est vrai.

Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un pilote de l'équipe de démonstration F-35 de l'US Air Force participe à une démonstration lors du 88e anniversaire du salon aérien de la Royal Thai Air Force à Bangkok le 7 mars 2025. (LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP)
Un pilote de l'équipe de démonstration F-35 de l'US Air Force participe à une démonstration lors du 88e anniversaire du salon aérien de la Royal Thai Air Force à Bangkok le 7 mars 2025. (LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP)

Alors que, selon un rapport du Spiri (Stockholm International Peace Research Institute), les importations d'armes des états européens membres de l'Otan dépendent à 60% de l'armement américain, de nombreux hommes et femmes politiques affirment que les États-Unis peuvent contrôler à distance les avions de chasse américains F-35 achetés par de nombreux pays européens notamment la Belgique, l'Allemagne, la Pologne ou encore l'Italie. C'est le cas de l'eurodéputé LR et ancien chef du renseignement militaire Christophe Gomart ou de l'eurodéputé socialiste Raphaël Glücksmann qui parle sur X de "F35 américains désactivables à distance."

Cette affirmation est vraie, les États-Unis peuvent effectivement contrôler à distance le système informatique d'un avion comme le F35. Attention cela dit : il n'existe pas de bouton arrêt ou "kill switch" en anglais qui permettrait par exemple d'éteindre l'avion au moment où les pilotes européens voudraient le faire décoller. C'est plus subtile que cela.

Un avion de chasse est, comme la plupart des véhicules modernes, bourré d'électronique. Tout le fonctionnement de l'avion en dépend. Or, ce système a besoin d'être régulièrement mis à jour, des actualisations qui se font à distance comme sur une Tesla par exemple. Mais si les États-Unis décidaient de bloquer ces mises à jour, l'avion finirait effectivement par être cloué au sol et inutilisable. 
Au bout d'environ un mois sans mises à jour, les problèmes de maintenance commenceraient, selon l'instructeur rafale et ancien pilote de chasse Pierre Chuet.

Contrôler les systèmes informatiques de préparation de mission

Autre aspect que les États-Unis peuvent contrôler à distance : ce qu'on appelle la préparation de mission, comme par exemple toutes les données GPS qui vont servir au pilote pendant qu'il est en vol,  où se situe la frontière, la cible ennemie. Si par exemple, les États-Unis ne voulaient pas que les Européens attaquent la Russie, ils pourraient tout à fait bloquer le signal GPS au-dessus de ce pays.

Les Européens se sont largement équipés de ces avions F35. Toujours d'après Pierre Chuet, les pays européens, notamment la Finlande, l'Italie et la Pologne, en ont commandé 512, soit la moitié du parc construit, et autour de 135 ont déjà été livrés. Seule exception : la France qui est équipée de ses propres avions de chasse français, sans aucun composant américain, les Rafale. Selon le constructeur Dassault Aviation, à la fin 2022, sur les 192 rafales commandés par la France, 153 avaient été livrés.

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