L'exposition "Fake news. Art, fiction, mensonge" : le vrai du faux junior
Focus sur une exposition consacrée aux fake news, vue à travers le regard et les réflexions de collégiens
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Le Vrai du Faux Junior, rendez-vous de vérification et décryptage de l’information réalisé avec des adolescents et leurs enseignants est consacré cette semaine à une exposition qui peut être une bonne idée de sortie en famille pendant les vacances.
Cela s’appelle "Fake news. Art, fiction, mensonge". C’est à la Fondation EDF à Paris jusqu’au 30 janvier 2022. L'idée de ce parcours artistique est de s'appuyer sur une vingtaine d’œuvres pour amener à réfléchir à la façon dont sont créées et diffusées les fausses informations. La classe de troisième média du collège Pablo Picasso, à Montesson dans les Yvelines, a visité cette exposition pour le Vrai du Faux Junior.
Un regard nouveau sur les fausses informations
L'une des premières oeuvres devant lesquelles se sont arrêtés les élèves est celle d’Alain Josseau, intitulée G255. Elle montre les coulisses de la fabrication d’une fausse image vidéo. Une maquette en carton représente une ville détruite, filmée au téléphone portable, avec possibilité d’incruster derrière des images de guerre. "Je trouve ça très intéressant, commente Alison et c'est vrai que si j’avais vu ça aux infos j’y aurais cru et je n'aurais jamais pensé que c’était un fond vert avec une maquette". Une autre œuvre a particulièrement marqué Thomas. "C’est l’œuvre, explique t-il, qui s’appelle Fake Truth. C’est une intelligence artificielle qui recense tous les sites où il y a marqué fake truth sur internet et on remarque qu’il y en a des centaines par jour qui sont référencés". L'oeuvre en question est destinée à mesurer la diffusion des fausses informations. Des chercheurs ont d’ailleurs démontré que le faux va plus vite que le vrai, qu'il est plus viral. L’œuvre évoquée par Thomas contient un petit ordinateur et une mini imprimante et permet effectivement d’imprimer, en temps réel, la référence de tout article ou message qui sur internet contient l’expression "fake truth" : fausse vérité.
Différents ressorts derrière la propagation des fausses informations
Une animation vidéo permet quant à elle de visualiser la vitesse de propagation à travers le monde de certaines des fausses informations diffusées autour du covid 19. L’occasion pour les élèves de prendre conscience de la façon dont rumeurs et fausses informations voyagent, parfois en quelques heures.
"Les fake news peuvent se répandre et se créer très vite. Il y a beaucoup d’informations qui circulent en ce moment sur les réseaux sociaux, donc elles peuvent très vite être déformées"; commente un élève. "Par exemple cette vidéo m’a fait rire, alors j’aurai envie de la partager sans forcément vérifier les sources", ajoute une autre.
Les élèves ont donc réalisé, à travers cette exposition, que chacun peut contribuer à diffuser de fausses informations, parce qu'il trouve un contenu drôle, par méconnaissance ou par crédulité. Certaines publications, explique la médiatrice de l'exposition qui accompagne les élèves, sont aussi relayées parce qu’elles jouent sur nos émotions. Enfin, parfois, ce qui incite à relayer une publication est le désir de plaire et d'attirer des abonnés. L’exposition met également en avant la rétribution accordée à certains diffuseurs de contenus, en fonction du nombre de personnes qui les suivent. C’est ce que dénoncent trois tableaux de l'artiste singapourien Kevin Lau, devant lesquels se sont arrêtés Saer et son enseignant. L'un d'eux représente un commentaire "j'aime" pris au piège. "Les trois tableaux orientent vers la même chose : on t’achète", explique l'enseignant. Le collégien admet être lui même sensible aux commentaires et aux "j'aime" sous les publications sur les réseaux sociaux .
Responsabilité individuelle, vérification des faits et éducation aux médias
Si les deux premières parties de l’exposition sont consacrées à la fabrication et la diffusion des fausses informations, la dernière propose de réfléchir aux conséquences de cette diffusion et aux remèdes possibles: déconnexion mise en scène dans certaines oeuvres, travail de vérification, comme celui que mène la Cellule Vrai du Faux de franceinfo et travail d’éducation aux médias mené avec les élèves. Chaque visiteur repart de l’exposition avec une petite carte sur laquelle on trouve des conseils pour décrypter les informations qui circulent sur internet, via une série de questions à se poser: qui est à l’origine de cette information ou de cette photo ? Le message est-il particulièrement spectaculaire ou anxiogène ? Repose t-il sur des sources fiables ? Cette image n’a-t-elle pas déjà été utilisée dans un autre contexte ? Cette information est-elle aussi relayée par des médias professionnels ?
Ces conseils appuient et complètent le travail fait par les élèves ces dernières semaines pour le Vrai du Faux Junior. Leurs enseignants racontent d'ailleurs que ce travail commence à porter ses fruits. "Les collégiens ne vont plus chercher une information sur un seul site mais croisent désormais les sources, en s'appuyant sur des sites généralistes", rapporte par exemple Cyrille Bertrand, professeur d’anglais au collège Jules Ferry à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne. Certains élèves ont indiqué avoir modifié leurs profils sur les réseaux sociaux. Une évolution similaire a été constatée par Lionel Vighier, professeur de lettres au collège Pablo Picasso à Montesson dans les Yvelines. "Ce qui reste à travailler, nuance t-il, est la contextualisation : aller en profondeur dans l'information pour comprendre ce dont on parle réellement". Ce que les élèves vont continuer à faire, avec le soutien de franceinfo.
L'exposition Fake News est à voir à la Fondation EDF à Paris jusqu’au 30 janvier. Elle est accompagnée d'un dossier pédagogique et d'un webinaire de formation, destinés aux enseignants, conçus par le CLEMI, le centre pour l'éducation aux médias et à l'information.
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