Le rendez-vous du Particulier. Entrepreneur et salarié à la fois ?
"Le rendez-vous du Particulier" avec un dossier sur le monde du travail. Sandrine Chesnel a enquêté pour le mensuel du groupe Le Figaro sur le double statut d'entrepreneur et de salarié. Décryptage.
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Sandrine Chesnel, journaliste indépendante signe dans le numéro d'avril du mensuel Le Particulier, un dossier sur un statut un peu singulier.
franceinfo : Entrepreneur et salarié à la fois, c'est possible ?
Sandrine Chesnel : C’est bien ça. L’entrepreneur-salarié est un salarié, payé en salaire, par la coopérative d’activité et d’emploi ; il a un CDI, avec un salaire fixe qui tombe tous les mois ; mais il est aussi un entrepreneur puisqu’il développe lui-même son offre, son marché, sa clientèle. Le client, une fois la prestation assurée reçoit une facture, qui est payée à la coopérative, et la coopérative transforme cette facture en salaire, en prélevant sur la somme réglée les cotisations salariales et patronales au nom de l’entrepreneur salarié. Le montant du salaire est fixé par l’entrepreneur salarié quand il a suffisamment de visibilité sur sa trésorerie pour se donner un salaire fixe, tous les mois.
Si on compare avec le statut de micro-entrepreneur, la relation au client est la même, mais l’entrepreneur-salarié a une meilleure couverture sociale, et surtout il est beaucoup moins seul.
On peut se demander quel est l’avantage d’une meilleure couverture sociale, un exemple tout bête avec la crise que nous traversons : dans certaines coopératives, parce que leur activité a plongé, certains entrepreneurs salariés ont pu bénéficier de chômage partiel - ce qui n’était pas possible pour les micro-entrepreneurs. Et en cas de cessation d’activité, il est possible d’avoir des indemnités chômage.
Est-ce qu'on peut dire que c'est une sorte d'agence qui regroupe des entrepreneurs et propose différents services ?
Oui la coopérative peut fonctionner de cette manière, c’est peut-être même ainsi qu’elle trouve tout son intérêt : les entrepreneurs salariés peuvent répondre ensemble à des appels d’offres qui supposent de mobiliser des métiers différents, par exemple, pour créer un site internet, ce qui suppose de faire travailler des développeurs, des rédacteurs, des photographes, vidéastes, des spécialistes de la sécurité informatique, du marketing… Dans ce sens, le système peut être très vertueux, il permet de développer son réseau, et donc les opportunités de travail.
Une coopérative d'activité regroupe des entrepreneurs d'un même secteur ? il y a une cohérence ?
Aujourd’hui on compte plus de 150 CAE différentes, et il y a en a de toutes les tailles. Il y a des généralistes, comme Coopaname, Omnicité, Oxalis, Et puis il y a des coopératives d’activités et d’emplois spécialisées, dans un domaine, à l’échelle nationale ou locale : 13% dans le bâtiment (Coopebat, Alter-Bâtir), 6% dans l’agriculture-alimentation-environnement (Rhizome, Coopilote), 7% dans les services à la personne (Coopchezvous, CoopDomiOuest), 4% dans la culture, la communication, le numérique (Coopétic, Oz, Artenréel, Clara, Clarabis, Boréal Innovation, Optéos).
Pour qui avez-vous écrit ce dossier ? Qui peut se sentir concerné et être séduit par ce statut ?
Beaucoup de situations peuvent être concernantes :
- La solitude de l’entrepreneur individuel vous effraie.
- Vous souhaitez garder un statut de salarié et la protection sociale qui l’accompagne.
- Vous avez envie de vous investir dans un projet collectif.
- Vous croyez au partage de compétences et de contacts entre indépendants
- vous ne voulez pas avoir à gérer trop de paperasses administratives.
Intégrer une telle coopérative c'est cumuler les avantages du salariat et de l'indépendance ?
Sur le papier, c’est l’idée, oui. Après, le modèle ne convient pas à tout le monde, si vous êtes allergique à la notion de collectif, vous n’y trouverez sans doute aucun avantage. Mais on sait qu’en France il peut être souvent très compliqué d’avoir un crédit, de trouver un logement, quand on n’a pas des bulletins de paie à montrer ; le fait d’être entrepreneur-salarié permet d’apporter cette garantie, c’est un gros plus.
C’est intéressant aussi pour quelqu’un qui a toujours été salarié et veut continuer à cotiser pour sa retraite. Tout ça a un coût : chaque entrepreneur salarié doit verser une contribution au fonctionnement de la coopérative, à hauteur de 10%, qui couvre les frais de fonctionnement et permet par exemple de proposer des formations.
L'idée de la coopérative, c'est que ses membres décident ensemble de la destinée de l'entreprise. On retrouve cela dans la coopérative d'activité ? C'est pas chacun pour soi ?
Exactement. J’ai l’exemple en tête d’une coopérative francilienne, dont les membres n’étaient pas satisfaits de leurs gestionnaires, ils ont voté pour en changer et repartir d’un meilleur pied. C’est la démonstration qu’une entreprise peut tourner sans patron, à condition que chacun s’engage dans son fonctionnement.
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