Trop de temps de parole pour le Rassemblement national ?
Depuis la rentrée, des auditeurs se plaignent d'entendre trop souvent des membres du Rassemblement national sur franceinfo. Érik Kervellec, secrétaire général de l'information de Radio France rappelle les règles du temps de parole politique.
/2025/10/03/ibpremiumthree287013-68df76134416d615643218.jpg)
Le temps de parole sur les médias est encadré par la loi. Pourtant certains auditeurs ont le sentiment d'entendre sur franceinfo davantage de représentants d'un parti plutôt que d'un autre. Pour comprendre les règles, Emmanuelle Daviet a invité Érik Kervellec, le secrétaire général de l'information de Radio France.
Emmanuelle Daviet : Pouvez-vous rappeler précisément les règles qui encadrent le temps de parole politique sur les antennes en dehors des périodes électorales ? Et d’ailleurs, qui fixe ces règles ?
Érik Kervellec : C’est important de bien comprendre qu’on ne fait pas ce qu’on veut en matière de temps de parole politique sur les antennes de Radio France. On doit rendre des comptes. Et même lorsqu’il n’y a pas d’élections, nous devons déclarer à la seconde près toutes les interviews politiques qui passent sur Inter, sur Info, sur Culture chaque mois à l’Arcom. C'est l’autorité chargée de veiller au respect du pluralisme sur nos chaînes, et aussi sur tous les autres médias audiovisuels, publics et privés. Si on ne respecte pas ce pluralisme, qui est un principe inscrit dans la loi, eh bien comme les autres, on s’expose à des sanctions.
Quelle est la différence entre le temps de parole politique et le temps d’antenne ? C’est une notion souvent méconnue des auditeurs.
Un leader politique qui s’exprime sur l’actualité, c’est du temps de parole. Et là, c’est très simple, chaque formation politique a droit, sur chaque média audiovisuel en France, à un temps de parole calculé en pourcentage à hauteur de ce que cette formation pèse dans le débat public. L’exécutif, donc le président de la République plus le gouvernement, c’est 33%, fixés par la loi.
Plus complexe, la notion de temps d’antenne. Ce sont en fait des opinions qui peuvent être émises dans une émission par des invités qui ne sont pas des hommes politiques, ou par des chroniqueurs. Là aussi, il faut vérifier que le pluralisme est respecté. Le Conseil d’État l’a dit de manière très claire dans une décision, il y a un peu plus d’un an : si quelqu’un se plaint à l’Arcom que sur telle chaîne ou dans telle émission on roule manifestement pour un parti, le régulateur demande au média mis en cause de prouver qu’il a bien fait son travail.
Depuis plusieurs semaines, des auditeurs affirment avoir l’impression que l’on déroule le tapis rouge au Rassemblement national. D’autres estiment, qu'on "dépasse largement les quotas". Est-ce exact ou est-ce un simple ressenti ? Et comment vérifiez-vous si les temps de parole sont bien équilibrés ou non ?
Le Rassemblement national est un parti référencé par l’Arcom. À ce titre, il doit trouver sa place sur nos antennes, comme les autres, en fonction de son poids aujourd’hui dans la société. C’est cela que nous devons respecter, toujours au nom du pluralisme. C’est la loi et nous l’appliquons parce que nous ne sommes pas des médias d’opinion.
Que répondez-vous alors à ceux qui estiment qu’inviter souvent le RN, même au nom du pluralisme, revient à "normaliser" son discours ?
C’est, à mon avis, un débat un peu dépassé. La normalisation du discours du RN ne passe plus vraiment, aujourd’hui, simplement par la parole des leaders de ce parti. Elle s'installe sans doute davantage par le choix des sujets dans certaines rédactions, par les éditoriaux orientés de certains confrères ou par les débats que vous pouvez suivre sur des chaînes où, finalement, tout le monde est d’accord sur le plateau avec les idées du RN. Ce genre de choses n’existe pas sur le service public.
Une question revient fréquemment dans le courrier des auditeurs : comment concilier le devoir de pluralisme, le respect de la loi et la responsabilité éditoriale face à des interlocuteurs qui remettent en cause le service public de l’audiovisuel ?
Sans doute en prouvant au quotidien, par le sérieux de notre travail, que ce service public de l’audiovisuel – qui fait la part belle à toutes les opinions – a tout à fait sa place dans le paysage. Parce qu’il remplit son rôle. Loin des polémiques, il aide chaque jour les citoyens de ce pays à comprendre un monde de plus en plus complexe et finalement à se forger leur propre opinion.
À regarder
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ours : ils attaquent même dans les villes
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter