Les conditions de travail des journalistes pour la Coupe du monde 2022 à Doha
La Coupe du monde au Qatar continue de susciter beaucoup d’aigreur mais également des interrogations. Nathalie Iannetta, directrice des sports de Radio France répond à leurs questions.
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La couverture de la Coupe du monde pour les journalistes sur place. Le Qatar agace des auditeurs mais suscitent aussi des questions pour nombre d’entre eux. Depuis Doha, Nathalie Iannetta, directrice des sports de Radio France répond à leurs interrogations avec la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : Des auditeurs souhaitent savoir dans quelles conditions se déroule votre travail sur place à Doha. On sait que l’Emirat a obligé les médias à accepter un certain nombre de modalités ?
Nathalie Iannetta : Alors il n’y a pas de modalités en réalité. Nous avons constaté cela en arrivant sur place, que tout ce que nous avions, nous aussi, lu et entendu sur les contraintes, les restrictions même, qui allaient nous être imposées, y compris vestimentaires par exemple, en réalité, non pas du tout. Il y a des modalités, certes, mais ce sont les modalités de la FIFA qui sont des règles établies dans toutes les grandes compétitions internationales, avec des horaires à respecter, évidemment des accréditations et des autorisations.
Certains médias qui sont détenteurs de droits peuvent tout faire, les autres un peu moins. Mais somme toute, ce sont les mêmes modalités auxquelles nous sommes soumis lorsque nous travaillons sur de grands évènements internationaux sportifs, quels que soient les organisateurs et le sport.
Des auditeurs souhaitent savoir si vous êtes confrontés à certains interdits ?
Non, pour le moment, rien ne nous a été interdit. Qu’il s’agisse de notre circulation, qu’il s’agisse des sujets de reportages que nous avons voulu couvrir, les équipes de Radio France sont là depuis quatre semaines maintenant, même un peu plus pour certains reporters, qui sont venus avant le début de la Coupe du monde.
Toutes les demandes que nous avons déposées d’autorisation de reportage pour le camp des migrants, pour la fan zone des migrants, pour une piste de running totalement climatisée, bref tout ce que nous avons voulu faire en dehors de la compétition et qui n’était pas lié au football et aux sportifs, nous avons pu le faire.
Question assez récurrente des auditeurs : comment vos journalistes parviennent à travailler dans des stades dont la construction a entraîné autant de morts ?
Ça, c’est une vraie question. En réalité, nous devons admettre que nous avons été un peu surpris par ce qui nous attendait, et ce que réellement nous avons constaté en arrivant sur place dans le pays. En revanche, évidemment, cette question des morts sur les stades, des ouvriers qui ont été victimes ou en tout cas qui ont travaillé dans des conditions épouvantables de chaleur et de cadences, on ne peut pas faire comme si nous ne le savions pas, donc nous allons dans ces stades, mais moi, à titre personnel par exemple, je me suis interdit tout commentaire sur la beauté ou non des stades, de leur architecture.
Nous avons donné uniquement des informations factuelles sur la capacité d’accueil, là ou ils étaient situés dans la ville. Mais c’est vrai que d’ordinaire, les stades, c’est l’écrin en quelque sorte du spectacle sportif. On en parle souvent, on peut même en faire des reportages, et là, on s’est interdit de le faire.
Un auditeur écrit : "En dehors de l’aspect sportif, on aimerait que vos journalistes nous disent ce qui les marque dans cette Coupe du monde".
Ce qui les marque, c’est à la fois des choses difficiles et des choses positives. La chose positive, c’est que c’est la première fois qu’une Coupe du monde de foot est organisée au même endroit, dans la même ville. Il y a un petit côté Jeux olympiques, d’une certaine manière, donc c’est très agréable, entre guillemets, d’avoir à travailler au même endroit.
Nous sommes tous réunis à la fois à la rédaction des sports de Radio France, mais aussi avec d’autres confrères du monde entier. On se voit très souvent, il n’y a pas de déplacement, contrairement à d’autres d’autres compétitions habituellement. Et c’est ce qui va nous attendre d’ailleurs dans quatre ans, parce que le Canada, le Mexique et les États-Unis, là, ça va être vraiment très difficile d’avoir une sorte d’unité d’ambiance, parce qu’il n’y aura pas d’unité de lieu.
Après, oui, le reste, ce qui nous marque, c’est qu’il y a un petit côté Disneyland ici. On n’est pas dupe que tout est un peu "fake", qu’il y a une sorte de décor en carton-pâte, et que tout ce qu’on nous montre et tout ce que nous avons le droit de raconter, il n’est pas garanti que lundi, après la compétition, lorsque les caméras seront reparties, les journalistes aussi, les gens de ce pays puissent retrouver et continuer en tout cas d’avoir la liberté qui semble s’être instaurée grâce à cette Coupe du monde.
On a beaucoup d’expatriés, notamment Français, qui, en off, nous ont raconté que c’est génial en fait cette Coupe du monde, parce que il y a une forme de liberté. Voilà un petit vent comme ça qui a soufflé. Est-ce que ça restera après la compétition ? C’est leur question, et du coup, on reviendra après la Coupe du monde, maintenant que nous avons beaucoup de contacts ici, sur place, pour vérifier si tout ça n’était qu’un écran de fumée, ou si à la fin, le sport aura changé quelque chose dans ce pays.
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