Le traitement éditorial du décès du Pape François sur franceinfo

À la suite du décès du pape François, des auditeurs ont écrit pour exprimer leur étonnement face à l'ampleur accordée à cet événement. Pour leur répondre, Emmanuelle Daviet a invité Richard Place, directeur de la rédaction de franceinfo.

Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La mort du pape François, son pontificat, sa succession, et l'état de l'Église sont racontées par la presse du monde entier. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)
La mort du pape François, son pontificat, sa succession, et l'état de l'Église sont racontées par la presse du monde entier. (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

L'étonnement et la lassitude ont été signalés par certains auditeurs face à la place accordée sur franceinfo à la disparition et aux obsèques du pape François. Les messages expriment l'attachement au principe de laïcité et s’inquiètent de voir un événement religieux occuper autant d'espace sur une antenne de service public.

Emmanuelle Daviet : Aviez-vous anticipé que cette couverture pourrait susciter un sentiment d’excès ou de saturation ?

Richard Place : Le rôle de franceinfo est d’être là où se passe l’actualité, là où l’actualité est la plus chaude. La mort du pape est une actualité mondiale. Donc évidemment, nous nous devions de passer en édition spéciale. Je sais aussi que, quand nous passons en édition spéciale, nous ne traitons plus qu’un seul sujet. Les gens peu intéressés par ce sujet peuvent être dès lors décontenancés, voire agacés par notre antenne.

Pourtant, il y avait beaucoup de choses à raconter sur ce pape, son pontificat, sa succession, le monde religieux et l’état de cette religion, du catholicisme, en France et dans le monde entier. Nous avons abordé tous ces sujets dans l'édition spéciale qui a duré jusqu’au lendemain, parce qu’en effet je me suis dit qu’à ce moment-là il n’y avait pas d’autre actualité forte qui méritait d’apparaître sur l’antenne de Franceinfo. Notez que dans nos "fils info", dans nos journaux, nous avons tout de même traité d’autres informations.

Comment définissez-vous, en tant que service public, la juste place à donner à cet événement religieux, politique, historique, sur Franceinfo ?

Comme il est, précisément, à la fois religieux, politique et historique, cet événement devient énorme. Il prend une ampleur considérable. Souvenons-nous, lors des obsèques, de Zelensky face à Trump dans la basilique Saint-Pierre, assis sur deux chaises. Cette seule photo est un moment que nous avons dû raconter, décrypter, expliquer : comment les deux hommes se sont retrouvés dans cette situation.

Il y avait les obsèques elles-mêmes, le religieux, tout le cérémonial, mais il y avait aussi cette diplomatie des funérailles, tous ces chefs d’État présents. Devant l’ampleur que l’événement prend à cet instant-là, nous devions le traiter en étant à nouveau en édition spéciale de 9h à 14h le samedi. Ensuite, nous avons repris le fil traditionnel du fonctionnement de franceinfo et abordé les autres événements de l’actualité.

Le conclave chargé d’élire le successeur de François débute mercredi prochain. En 2013 et 2005, François et son prédécesseur Benoît XVI ont tous deux été élus après deux jours de vote. Quelle place occupera ce conclave sur l’antenne ?

Il occupera beaucoup de place, mais nous ne serons pas en édition spéciale permanente. Nous proposerons des pages spéciales, régulièrement à partir du début du conclave, grâce à Nicolas Teillard envoyé spécial pour l'occasion à Rome et grâce à notre correspondant permanent Bruno Duvic, grand connaisseur du Vatican. La reporter Agathe Mahuet sera aussi là-bas pour faire parler les fidèles. Nous suivrons, ici en France, d’autres fidèles pour connaître leur sentiment sur ce qui se joue à distance.

Viendra ensuite la fameuse fumée blanche, à la chapelle Sixtine, que nous décrirons avant d’avoir, généralement une heure après, le nom du nouveau pape et sa nationalité, ce qui est aussi une dimension importante. Là encore, nous prendrons le temps d’expliquer qui est le nouveau souverain pontife, quelles sont ses convictions et vers quelle direction il pourrait emmener l’Eglise catholique. Ce sont aussi, même pour les non-croyants, des perspectives de société.

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