Vivre après la torture
En 2013, un pays sur deux pratique la torture. Tous les jours des milliers d'hommes, de femmes et même d'enfants en sont victimes. Pour beaucoup, la seule issue consiste à fuir et à trouver refuge dans un pays où il va falloir tenter de gérer tout à la fois : souffrances physiques, psychiques, quotidien précaire et démarches administratives complexes. Inutile de dire que sans aide, la chance de s'en sortir seul est inexistante.
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Pour aider les personnes victimes de
torture qui arrivent en France, les associations sont en première
ligne. En l'absence de structure publique spécifique, elles aident et accompagnent les victimes, comme le centre de soins Osiris, dans le IIIe
arrondissement de Marseille.
Cette structure a accueilli l'an
dernier 130 patients représentant 27 nationalités. Ils viennent majoritairement
d'Afghanistan, d'Arménie, de Serbie, du Kosovo, de Tchétchénie ou encore du
Nigéria comme Samuel, âgé de 19 ans. Il a fui son pays il y a trois ans après le
massacre de toute sa famille. Quinze jours de bateau pour rejoindre Marseille,
puis une vie d'errance pendant plusieurs mois jusqu'au jour où il se rend à
Osiris.
Paradoxalement, la décision de
frapper à cette porte lui a été difficile. Il explique en effet qu'il ne peut
pas parler de sa famille disparue, de ce qu'il a vu, de ce qu'il a vécu. Cela fait deux ans que Samuel est suivi à
Osiris, et même s'il n'en a pas fini avec les soins, il a l'impression que tout
va finir par s'arranger pour lui car cet accompagnement, dit-il, lui donne du
courage.
Une thérapie au service
du patient
Au centre de soins Osiris, les
patients bénéficient d'une équipe composée de six thérapeutes et d'une dizaine
d'interprètes. Parmi les soignants, il y a un psychiatre : le docteur Auguste
Olive. Les personnes qui viennent le voir en consultation présentent à peu
près les mêmes symptômes : des maux de tête permanents ou encore des troubles du
sommeil liés aux cauchemars qu'ils font la nuit lorsque défilent devant eux,
les images des persécutions subies. A cela s'ajoutent des troubles du caractère,
les gens sont irritables ou déprimés.
Pour soulager cette souffrance, il y
a les médicaments, mais pas uniquement, la parole aussi est d'une grande
efficacité, c'est le travail de la psychologue Mélanie Maurin. Au quotidien, elle est confrontée à deux types de patients, ceux qui vont d'eux-mêmes
annoncer les événements traumatiques qu'ils ont vécus (tortures, violences
politiques), et d'autres qui ne vont jamais les aborder.
La durée d'une psychothérapie est
fonction du patient et des objectifs de la prise en charge, c'est du cas par
cas.
Impossible de s'en sortir seul
Des centres comme Osiris, il en
existe dix sur tout le territoire. Ils accueillent au total chaque année un peu
plus de 6.000 personnes pour des consultations. Le centre le plus important se
trouve à Paris, dans le XIe arrondissement : le centre Primo
Levi.
C'est ce centre qui a suivi Amadu
Jiallho originaire de la Sierra Leone, et arrivé en France fin 2004. Il y a reçu
des soins, mais aussi de l'aide pour trouver un logement, et surtout des
conseils et un accompagnement pour obtenir sa demande d'asile. Tout cela est
maintenant derrière lui, mais il n'a pas oublié d'où il vient. Il pense à ses
compagnons d'infortune qui tentent de s'en sortir en France, et son message
est simple: "Je veux leur dire de
se lever, de se battre et croire aux associations, aux personnes qui nous
suivent. Il ne faut jamais se décourager. Moi tout seul je ne pouvais rien faire".
Aujourd'hui Amadu Jiallho a réussi à tourner la page. Il a
crée son entreprise. Il exerce le métier de plombier en région parisienne où il
vit avec sa famille, et son large sourire fait plaisir à voir.
A la veille de la journée
internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de torture et de
la violence politique, le centre Primo Levi lance une pétition en ligne
accompagnée d'une campagne de communication développée par l'agence Grey Paris.
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