Rwanda, 20 ans après le génocide : le progrès à marche forcée
C'est un massacre qui en moins de trois mois a fait plus de 800.000 morts, en grande majorité des Tutsis. Le Rwanda commémore ce lundi le 20e anniversaire de son génocide, sans la France, qui s'est retirée des cérémonies après de nouvelles déclarations du président rwandais l'accusant d'avoir participé aux massacres. Zoom sur l'autre Rwanda, ce "Singapour de l'Afrique" qui en 20 ans a fait plus de progrès que n'importe quel pays au monde.
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Le Rwanda
d'aujourd'hui, c'est à Kigali, la capitale, qu'il est le plus visible :
des routes au bitume sans accroc, des immeubles modernes, des rangées de
palmiers parfaitement taillés. Pas un seul déchet au sol - les sacs plastiques
sont interdits depuis 2006. Les voitures brillent de tous leurs chromes et
aucun conducteur de deux-roues n'imagine rouler sans son casque.
Les
policiers sont à chaque coin de rue, gilet fluo et probité en
bandoulière : pas question de glisser un billet pour échapper à une contravention.
Propreté, sécurité, modernité, croissance... Voilà le visage que le
président Kagamé veut offrir au monde.
En 1994, après le génocide, le Rwanda s'engage dans une reconstruction à marche
forcée. C'est avancer ou se perdre. Le pays a déjà son homme fort : Paul
Kagame, l'ancien maquisard et chef de guerre, élu président en l'an 2000.
"Rwanda vision 2020"
Dès son
arrivée au pouvoir, Paul Kagame adopte le plan "Rwanda Vision 2020" qui doit
permettre au pays (11,4 millions d'habitants) de court-circuiter la phase
d'industrialisation pour épouser le plus vite possible une économie de
l'information et de la communication.
"Rwanda
Vision 2020" n'est pas une utopie : le partenariat engagé l'an dernier avec
l'ONG One laptop per child permet déjà
à 210.000 écoliers d'avoir un accès gratuit à un ordinateur simplifié,
mais connecté à internet.
L'objectif
est d'atteindre 1 million d'ordinateurs d'ici trois ans. Les enfants et leur "laptop" figurent même sur les nouveaux billets de 500 francs rwandais !
Une "Silicon Valley" à la rwandaise
Pour
soutenir les jeunes entrepreneurs, l'Etat a par ailleurs mis en place le Klab (laboratoire
de la connaissance), un espace collaboratif unique où jeunes entrepreneurs et
ingénieurs peuvent accéder à du wi-fi gratuit, participer à des ateliers ou
solliciter les conseils de "tuteurs".
Toujours à
la demande du chef de l'Etat - surnommé "le président
numérique", adepte de Twitter sur son compte - le Klab
s'est associé avec la Carnegie Mellon University. La prestigieuse université
américaine s'est d'ailleurs installée dans le même immeuble, jetant les bases
d'une "Silicon Valley" à la rwandaise.
Inégalités entre Kigali et le reste du pays
Mais le Rwanda
a beau engranger 7% de croissance en moyenne depuis dix ans, il a de gros
points faibles. Les inégalités entre Kigali et le reste du pays sont
criantes, en terme de richesse, de développement, d'infrastructures.
Fin 2013,
seuls 16% de la population avait accès à l'électricité (et les
habitants qui l'ont continuent de cuisiner au charbon, même à Kigali, parce que
c'est beaucoup moins cher !).
Travaux communautaires obligatoires
Kagame
l'autocrate(réélu
en 2010 avec 93% des voix)**** gouverne sans partage. Les partis d'opposition
sont tolérés, pour l'affichage, mais ils n'ont aucun poids. Des dissidents sont
régulièrement assassinés. La récente mort de l'un d'entre eux, réfugié en
Afrique du sud, a d'ailleurs considérablement refroidi les relations entre les
deux pays.
Le
développement du pays passe quant à lui par une méthode certes héritée de la
tradition africaine, mais très coercitive : le dernier samedi du mois,
chaque citoyen de plus de 16 ans doit obligatoirement participer à l'Umuganda,
les travaux communautaires... Autrement dit déblayer, nettoyer, creuser ou tailler,
le tout pendant quatre heures.
La liberté
d'expression est enfin une notion très théorique. Dans la rue, dans les médias,
on ne parle pas des sujets qui fâchent. L'autocensure
est la règle, même si quelques journalistes comme Solange Ayanone (radio Isango
Star) tentent d'un côté de réveiller l'esprit critique de la société et de
l'autre, de convaincre les politiques de participer au débat public. Mais les autorités,
quelles qu'elles soient, sont encore très réticentes.
Quelque part entre le modèle occidental et les traditions
africaines le Rwanda doit encore inventer sa propre démocratie.
►►► A LIRE AUSSI | Génocide rwandais : les rappeurs de Nyamata
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