Les métallos de Florange en route vers Paris
WEB REPORTAGE Ils sont partis la semaine dernière. A pied. Ils ont laissé derrière eux la vallée de la Fensch et ses villes en "ange". Après Gandrange dont les hauts-fourneaux se sont arrêtés, c'est désormais le site ArcelorMittal de Florange qui est menacé de fermeture. Alors les ouvriers de l'aciérie marchent sur Paris. Objectif : convaincre les Français qu'ils croisent en chemin que leurs emplois ne doivent pas mourir.
Près de
5.000 emplois au total en comptant les sous-traitants et les intérimaires. Florange
est le modèle du "site intégré" avec ses deux filières. La chaude
coule l'acier. La froide le transforme en produits finis. Ses atouts ? La
recherche et développement d'ArcelorMittal sera bientôt complétée par des
instituts de recherche sur les matériaux à Metz et Nancy. Mais surtout,
Florange n'est qu'à un jet de pierre de ses principaux clients, les
constructeurs automobiles. Le site est capable de fabriquer 600 nuances
d'acier.
Mais cela
ne suffit pas. Les années 70, l'âge d'or des Wendel, Usinor, Sacilor, Sollac,
Unimetal et leurs 100.000 métallos lorrains, sont révolues. Déjà en 2003,
Arcelor prévoyait dans un plan de restructuration baptisé Appolo, de sacrifier
le site de Florange. Après son OPA en 2006, l'Indien Mittal Steel n'attend pas
longtemps pour mettre en place un plan de rigueur. En octobre 2008, le premier
haut-fourneau de Florange s'éteint. Objectif : réduire les stocks. La
demande est plus forte, Mittal peut alors augmenter ses prix. La crise économique renforce
cette stratégie. L'effondrement des ventes d'automobiles en 2009 entraîne la
demande d'acier dans sa chute. Les derniers chiffres des ventes de voitures
neuves ne sont toujours pas plus encourageants.
"Après la présidentielle, il sera trop tard, tout le monde nous aura oubliés" (Edouard Martin, CFDT)
En juin et septembre 2011 les hauts fourneaux de
Florange ont cessé leur activité. Aujourd'hui ces deux hauts-fourneaux, P3 et P6 sont toujours à l'arrêt. Dans une interview
au Parisien le 24 février Hervé Bourrier, PDG d'ArcelorMittal France ne
tourne pas autour du pot : "Il faut que nos coûts soient très
compétitifs et les seuls sites qui nous permettent de suivre le marché sont
Dunkerque et Fos. A Dunkerque, la capacité de production est de 7 millions de
tonnes d'acier par an comparé aux 2 millions à Florange" .
Privilégier les
sites sur les ports en ces temps où le minerai de fer très cher à transporter
vient d'Afrique ou d'Australie est une évidence pour le groupe. Particulièrement
face à la concurrence de la Chine et de la Russie. Pendant ce temps, les
bénéfices du numéro un mondial de l'acier sont florissants. L'Etat et l'Unedic eux,
financent en partie "l'activité partielle de longue durée" (APLD)
permettant aux personnels en CDI de toucher 90% de leur salaire net au lieu de
60% sans le dispositif. Ce chômage partiel concerne aujourd'hui près de 2.500 salariés.
Le 20 février, 200 sidérurgistes casqués prennent possession des bureaux
de la direction de l'usine. Objectif : obtenir le redémarrage du site. "Après la présidentielle, il sera trop tard, tout le monde nous aura
oubliés. Si rien n'a changé d'ici au 6 mai, on est morts. Ce siège c'est notre
trésor de guerre, la seule chance qu'il nous reste" , déclare Edouard Martin
de la CFDT. Fin février François Hollande promet une loi contre
les fermetures d'usines. Début mars Nicolas Sarkozy renchérit : grâce à
lui, ArcelorMittal investit 17 millions d'euros pour le site. Florange, sujet éminemment politique se retrouve au cœur de la campagne présidentielle.
Les métallos ne
sont pas dupes de l'impuissance des politiques face à ces multinationales sans
visages. La "trahison" de Gandrange a marqué les esprits. En février 2008 Nicolas Sarkozy avait promis aux ouvriers de sauver l'aciérie. En mars 2009, la fermeture partielle était confirmée, 575 postes supprimés. Alors les métallos de Florange s'accrochent au projet européen Ulcos qui pourrait obliger Mittal à redémarrer leur site. Leur phare, cette tour Eiffel
construite avec de l'acier forgé en Lorraine, sous laquelle ils espèrent
arriver demain.
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