Derrière le niqab salafiste
Qui sont réellement les salafistes, que veulent-ils, quelle est leur vision de la société ? A la faveur du printemps arabe, ces fondamentalistes religieux ont formé des forces politiques importantes. C'est aujourd'hui en Egypte que ce courant religieux est le plus visible, jusqu'au Parlement. Journaliste de la rédaction de France Culture, correspondante au Caire et auteur de "L'Egypte de Tahrir : anatomie d'une révolution" (Seuil), Claude Guibal est allée à la rencontre des femmes salafistes.
Les salafistes. A la faveur des printemps arabes ce courant religieux fondamentaliste a créé des partis politiques en Tunisie et en Égypte par exemple, où ils forment le deuxième bloc au Parlement, derrière les Frères musulmans.
Le mouvement reste pourtant très mal connu. On l'associe généralement au jihadisme. La majorité des salafistes sont pourtant des quiétistes qui cherchent à suivre l'exemple des "pieux salafs", les compagnons du Prophète Mahomet, auxquels ils cherchent à ressembler, jusque dans l'apparence avec leurs barbes, leurs tenues traditionnelles. Des "puristes" de l'Islam.
En théorie, les salafistes ne se préoccupent que de préparer leur vie dans l'au-delà, dédaignant les plaisirs "terrestres". Tout ce qui pourrait éloigner leur esprit de la prière est interdit. Pas de chants, si ce n'est religieux, pas d'instruments de musique, pas de cinéma, pas de romans, pas de couleurs vives.
Ne pas provoquer le désir en laissant la peau à découvert
Avec les révoltes arabes, les salafistes ont commencé à s'aventurer dans le champ politique, afin de mettre en place les mécanismes d'application de leur idéal de société, basée sur l'application stricte de la charia, et la ségrégation des sexes. Les femmes salafistes peuvent ainsi faire des études, ou travailler, mais dans le respect strict des règles religieuses, loin des hommes.
Ces hommes devant lesquels elles ne doivent pas rire, afin de ne pas les séduire. Ne pas séduire, cela veut dire porter le niqab, des gants, des chaussettes, afin de ne pas provoquer le désir en laissant la peau à découvert.
Cheikha Safaa Rifaï, prédicatrice, anime une émission dédiée aux femmes dans une des 19 chaines satellitaires salafistes qui émet depuis la banlieue du Caire. Selon elle, le niqab est ainsi "une marque de supériorité pour la femme qui choisit l'homme qui peut la voir" . Mais il ne faut "pas chercher une signification derrière les ordres de Dieu". Et Cheikha Safaa de continuer :
"On doit se contenter de respecter ses ordres, sans les discuter."
Pour Cheikha Safaa, "la femme représente la force et la faiblesse de la société. La force parce que c'est elle qui est chargée de l'éducation des enfants, et donc de l'avenir, et sa faiblesse, parce que par son pouvoir de séduction, elle est le point faible de l'homme qui ne doit pas être détourné de sa tâche, qui consiste à travailler à l'extérieur pour pourvoir aux besoins de sa famille" . Selon elle, toujours, tout est une question de répartition des rôles et l'homme doit traiter la femme en égale, notamment sur les questions financières.
Le mouvement salafiste a pris de l'ampleur en Egypte depuis 2005, environ, grâce au développement des chaînes satellitaires. Un développement encouragé, du moins toléré par le régime égyptien d'alors, qui y voyait un moyen de contrecarrer l'influence grandissante des Frères Musulmans.
À regarder
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
-
Laurent Nuñez, nouveau ministère de l'Intérieur, se confie sur les attentats de 2015
-
Adèle Exarchopoulos : "Quand le monde se résigne à banaliser la violence... Ce qui reste, c'est le collectif"
-
Un mois après sa mort, le message de Charlie Kirk résonne encore
-
Le rappeur SCH déclare sa flamme à Marcel Pagnol dans un film d'animation consacré au célèbre cinéaste
-
Plan de paix pour Gaza : quatre nouveaux corps d'otages ont été remis à Israël
-
SFR bientôt racheté par ses concurrents ?
-
Musée Chirac : braqué puis cambriolé en 48 heures
-
Otages israéliens : révélations sur leur détention
-
Réforme des retraites : suspendue pour 3,5 millions de Français
-
Gouvernement de Sébastien Lecornu : censure ou pas censure ?
-
Coup d'envoi de la vaccination contre la grippe
-
Skai Isyourgod, le phénomène du rap chinois
-
Délit de fuite : la vie brisée de Marion
-
Disparition des coraux : une menace pour l'humanité
-
Bac de maths en 1ère, une bonne nouvelle ?
-
Une minute de silence en hommage à ces profs tués
-
IA : des paysages touristiques trop beaux pour être vrais ?
-
Sébastien Lecornu annonce la suspension de la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle
-
Pourquoi ton lycée pro est en grève aujourd’hui
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter