Séisme en Turquie et en Syrie : comment Bachar al-Assad tente de tirer profit de la catastrophe
Si la Turquie est la première victime du terrible tremblement de terre du 6 février, la Syrie elle aussi est durement touchée. Le dictateur tente d'en profiter pour regagner en légitimité.
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À l'intérieur du pays, le tremblement de terre n'a fait aucune différence : il a touché à la fois la région d'Idlib, au nord, tenue par une alliance de groupes rebelles hostiles au régime de Damas, et la zone d'Alep, qui elle est sous le contrôle du gouvernement. Et la Syrie qui avait complètement disparu de nos écrans radars vient de se rappeler au monde de façon brutale et tragique.
>> Séisme en Turquie et en Syrie : pourquoi les dégâts sont-ils si importants ?
À Idlib, où vivent plus de trois millions de personnes, le Gouvernement local (constitué des islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham, une ancienne branche d’Al-Qaida en Syrie, et d'autres groupes rebelles, soutenus notamment par Ankara) a affrété quelques bus pour faciliter les déplacements des sinistrés, les casques blancs font ce qu'ils peuvent pour sortir les victimes des décombres, mais, dans l’ensemble, les habitants subissent une double peine. Déjà sinistrés par 12 ans de guerre, ils sont désormais complètement coupés du reste du monde. Jusqu'ici, l'aide humanitaire arrivait par un seul point de passage avec la Turquie. Pour faire pression sur les rebelles, Damas avait réussi à faire fermer les trois autres.
Or, cette route a été fortement endommagée par le séisme, les camions ne peuvent plus entrer. Pour Damas, c'est une occasion rêvée. Le régime de Bachar al-Assad réclame que toute l’aide humanitaire passe désormais par la capitale et les autorités centrales avant d'être redistribuée. Une façon tout à fait cynique de se rendre incontournable, de faire reconnaître son pouvoir sur l'ensemble du territoire et de regagner en légitimité internationale. Les habitants d'Idlib, eux, sont persuadés que l'aide n'arrivera jamais.
Le régime profite aussi de cette catastrophe pour réclamer une levée des sanctions internationales : argumentaire qu'il a développé dans les premières heures qui ont suivi le séisme : "Les sanctions américaines et européennes entravent la réponse humanitaire”.
Bachar al-Assad n'a plus que deux alliés : la Russie et l'Iran
Dans la zone d'Alep, qui elle est sous le contrôle du régime, plusieurs responsables politiques et humanitaires ont de nouveau réclamé la levée de ces sanctions pendant qu'à Damas, le gouvernement sollicitait officiellement l’aide de l’Union européenne. Avec un objectif en tête : tirer profit de cette main tendue pour sortir de son isolement économique et diplomatique. Car depuis le début de la guerre, en 2011, Bachar al-Assad n'a plus que deux alliés, la Russie et l'Iran. À Bruxelles, la Commission européenne a encouragé mercredi 8 février les 27 à répondre de manière favorable, mais l'Allemagne par exemple y est allée du bout des lèvres. "Oui, nous fournirons de l'aide", a dit une représentante du ministère des affaires étrangères, mais nous maintiendrons "nos contacts au strict minimum". "Nous n'allons pas coopérer avec le régime syrien (...) tant que surviennent chaque jour les pires atteintes aux droits humains".
Bachar al-Assad pourrait aussi se tourner vers les pays du Golfe : depuis quelques années, à la faveur des reconquêtes territoriales de Damas, plusieurs pays de la région ont repris ou cherchent à reprendre contact avec l'ancien paria. D'ailleurs, un certain nombre de dirigeants dans les émirats ont appelé Assad pour lui présenter leurs condoléances et lui envoyer de l'aide. Ce qui fait grincer des dents le média syrien d'opposition Al-Jumhuriya, cité par Courrier International : "Alors que les comptes officiels de la présidence s’affairent à retransmettre sur les réseaux sociaux les multiples appels et de télégrammes envoyés par des présidents, des rois et des princes, les autorités n’ont encore déclaré aucun jour de deuil pour les victimes du séisme".
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