Pérou : le pays aux trois présidents... en une semaine
Retour sur cette folle semaine où le Pérou, pourtant habitué aux crises politiques, a connu trois présidents différents.
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Lundi 9 novembre, les députés votent la destitution du président, Martin Vizcarra, en poste depuis plus de deux ans (c'est leur deuxième tentative, elle est couronnée de succès).
Le problème, c'est qu'ils sont davantage motivés par des considérations personnelles que par l'intérêt supérieur du pays, le Pérou. Martin Vizcarra, très populaire, est en effet très engagé contre la corruption, il en a fait son cheval de bataille.
À tel point qu'il met son nez partout y compris dans les affaires des députés. C'est en partie à cause de lui d'ailleurs que plus de la moitié des 130 parlementaires font l'objet d’enquêtes judiciaires !
Un coup d'État parlementaire
Ils lui trouvent donc à lui aussi une obscure histoire de pot-de-vin. Exit le Président et au placard la démocratie. Ils le remplacent par un anonyme politicien de droite, Manuel Merino, qui lui ne leur fera pas d'histoire.
Mais la ficelle est un peu grosse. Tellement grosse même que les Péruviens, notamment des jeunes, descendent par milliers dans les rues pour dénoncer "un coup d'État parlementaire".
Les manifestations sont violemment réprimées par la police. Deux morts, plus de 100 blessés samedi à Lima, la capitale. Le pays est sous le choc. Face à la pression, ce "président numéro 2" finit par démissionner.
"Don Quichotte", président consensuel
Il a donc été remplacé par une personnalité beaucoup plus consensuelle : Francisco Sagasti, dit "Don Quichotte" en raison de son élégant collier de barbe blanche et d'un vague air de ressemblance avec le héros de Cervantes.
Saludamos la elección de nuestro vocero Francisco Sagasti como presidente de la Mesa Directiva del Congreso. Francisco Sagasti es un hombre comprometido con la democracia, juventud y el país. pic.twitter.com/8PGofWSYVu
— Bancada Morada (@BancadaMorada) November 16, 2020
Investi mardi 17 novembre, Francisco Sagasti est ingénieur de formation, ancien prof de fac. Il a 76 ans, mais c'est un "bleu" en politique : député depuis... huit mois seulement. Un peu court comme expérience. Pas le choix : c'était le seul candidat à la présidence.
Sa principale qualité est de faire partie d'une formation centriste, le Partido morado (Parti mauve) qui n'a pas voté la destitution de son prédécesseur. Il a donc à la fois les faveurs de la rue et l'avantage de s'être tenu à l'écart de la récente querelle des partis politiques. Un choix qui a immédiatement fait retomber la tension : à l'annonce de sa nomination, les rues de Lima ont résonné de concerts de klaxon et de cris de joie, et plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le parlement.
Appel à l'apaisement
Lors de son discours d'investiture, Francisco Sagasti a appelé son pays à l'apaisement : "ça ne suffisait pas, la pandémie ? Ca ne suffisait pas, la crise économique, les problèmes d'insécurité ? Il a fallu que deux jeunes meurent pour qu'on ouvre enfin les yeux sur notre situation ?"
"Au nom de l'État", le président par intérim présente ses excuses aux familles des deux jeunes tués lors des manifestations. Il promet de se mettre au travail, "d'urgence, pour redresser le pays, pour un développement plus juste et équitable pour tout le monde".
"En nombre del Estado, pido perdón a sus familiares (de víctimas de manifestaciones), a ellos, y a todos los jóvenes que marcharon por defender la democracia": Francisco Sagasti, nuevo presidente del Perú.#FelizMiercolesATodos pic.twitter.com/22pyLzGfnz
— El Ciudadano (@El_Ciudadano) November 18, 2020
Sa priorité : le coronavirus
L'une des ses priorités sera de lutter contre le coronavirus : le Pérou est l'un des pays les plus endeuillés au monde, 32 millions d'habitants, 35 000 décès, et l'économie a plongé de 30% au second trimestre.
Sur le long terme, Francisco Sagasti réussira-t-il à mettre un terme à l'instabilité politique dans son pays ? Ce sera son défi ! Depuis vingt ans, tous les présidents péruviens ont eu des démêlés avec la justice, il va essayer de faire mentir les statistiques. Les pays voisins d'Amérique latine et les États-Unis ont en tout cas salué son élection comme une perspective de stabilisation.
Francisco Sagasti doit surtout assurer la transition jusqu’au premier tour de la présidentielle, prévue en avril prochain. Il a promis que les élections auraient lieu "sans contre-temps" et qu'elles seraient "absolument transparentes".
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